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MÉMOIRES DE HIOUEN-THSANG, L. I.

grasse et fertile ; elle produit d’abondantes moissons, et une grande quantité de fleurs et de fruits. Ce pays est propre à l’éducation des moutons et des chevaux. Le climat est venteux et froid. Les hommes sont d’un naturel ferme et courageux ; leur langage diffère de celui des autres peuples, leur figure est laide et ignoble. Depuis plusieurs dizaines d’années, ce pays n’a plus de chef suprême. Les hommes les plus puissants luttent entre eux à main armée, et restent indépendants les uns des autres. Se sentant protégés par des rivières et des obstacles naturels, ils ont tracé les limites de leur territoire, et occupent chacun une résidence séparée.

En partant de ce pays, dans la direction de l’ouest, il fit environ mille li, et arriva au royaume de Sou-tou-li-se-na (Soutrichna — Osrouchna).

ROYAUME DE SOU-TOU-LI-SE-NA.

SOUTRICHNA

Le royaume de Sou-tou-li-se-na (Soutrichna) a de quatorze à quinze cents li de tour. A l’est, il est voisin du fleuve Ye[1]. Le fleuve Ye sort du plateau septentrional des monts Tsong-ling, et coule au nord-ouest. Tantôt il promène lentement ses eaux limoneuses, tantôt il les roule avec bruit et impétuosité. Sous le rapport des produits du sol et des mœurs, ce royaume ressemble à celui de Tche-chi (Tchadj). Depuis qu’il a

  1. Le Sihoun actuel, l’Iaxartes des anciens.