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VOYAGES DES PÈLERINS BOUDDHISTES.

trois autres côtés, par des plaines unies. La terre est abondamment arrosée, et les arbres des forêts offrent la plus belle végétation. Dans le dernier mois du printemps, les fleurs les plus variées brillent sur la terre, comme une riche broderie. Il y a mille[1] bassins d’eau vive ; de là est venu le nom de Mille sources. Le Khan des Tou-kioue (Turcs) vient, chaque année, dans ce lieu, pour éviter les chaleurs de l’été. On y voit une multitude de cerfs, ornés de petites clochettes et d’anneaux. Ils sont familiers avec les hommes, et ne fuient point à leur vue. Le Khan les aime et se plaît à les voir. Il a adressé à ses sujets un décret où il est dit que quiconque oserait en tuer un seul, serait puni de mort, sans rémission. C’est pourquoi tous ces cerfs peuvent finir tranquillement leurs jours.

Après avoir fait de cent quarante à cent cinquante li à l’ouest des Mille sources, il arriva à la ville de Ta-lo-sse (Taras), qui a de huit à neuf li de tour. Les marchands des différents pays y habitent pêle-mêle. Pour ce qui regarde les produits du sol et la nature du climat, ce pays ressemble à celui de Sou-ye.

Après avoir fait environ dix li au sud, il rencontra une ville isolée. Elle renfermait environ trois cents fa milles, qui étaient originaires de Chine. Anciennement, elles avaient été violemment enlevées par les Tou-kioue (Turcs). Dans la suite, ces Chinois réunirent un grand nombre de leurs compatriotes, pour veiller avec eux

  1. Ici mille est employé pour un nombre indéfini. Ce chiffre, dit le Si-yu-thong-wen-tchi, indique la grande multitude des sources.