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MÉMOIRES DE HIOUEN-THSANG, L. I.

formes radicales des signes graphiques sont peu nombreuses ; elles se réduisent à trente-deux lettres, qui, en se combinant ensemble, ont, peu à peu, donné naissance à un grand nombre de mots. Les habitants possèdent à peine quelques mémoires historiques. Ils en lisent les textes de haut en bas, et se transmettent mutuellement l’intelligence des livres ; de cette manière, l’enseignement littéraire se continue sans interruption. Ils portent des habits de coton, de laine et de peau, qui sont étroits et serrés. Ils réunissent leurs cheveux et laissent découvert le sommet de leur tête ; quelquefois même ils les rasent complètement. Ils enveloppent leur front avec une pièce de soie. Ils ont une haute stature, mais leur caractère est mou et pusillanime. La fourberie et le mensonge dominent dans leurs mœurs, et la plupart d’entre eux se livrent au dol et à la fraude. En général, ils sont d’une cupidité extrême. Le père et le fils ne rêvent que le lucre ; les plus opulents sont les plus honorés ; mais rien ne distingue le riche du pauvre. Lors même qu’un homme possède une fortune immense, il porte de vieux habits et se nourrit d’aliments grossiers. La moitié de la population cultive les champs, et l’autre se livre au négoce.

Après avoir fait environ quatre cents li à l’ouest de la rivière Sou-ye, il arriva aux Mille sources[1]. Le pays des Mille sources a environ deux cents li en carré. Au sud, il est borné par des montagnes neigeuses, et, des

  1. En mongol, Ming boulak. Cf. Dict. Si-tu-thong-wen-tchi, l. V, f° 37.