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Helléniques, des Παραλειπόμενα, ait été composée vers 390, et qu’après une assez longue interruption, remplie entre autres par la rédaction de l’Anabase, Xénophon ait repris le récit des événements de son temps, et qu’il ait travaillé jusqu’en 355 environ[1].

Il serait vain de vouloir préciser davantage : les Helléniques ne contiennent pas, comme l’Anabase, d’allusions à la vie de Xénophon après 395 — au reste si mal connue[2]. On peut supposer à la rigueur qu’il était encore à Sparte lorsqu’il rédigea le Complément à l’Histoire de Thucydide — assez satisfait de faire paraître sous une forme achevée le récit d’un conflit qui se terminait par le triomphe de sa patrie d’adoption ; qu’ensuite, mis en goût par la rédaction de l’Anabase[3], il ait d’abord voulu utiliser ses souvenirs des années 399-394, où il avait pris part aux campagnes de Thibron[4], de Dercylidas, et, en partie tout au moins, à celles d’Agésilas[5] ; et que de ce premier noyau soit sortie toute la seconde partie, les Helléniques proprement dites, commencées dans la retraite de Skillous, terminées à Corinthe. En tous cas, d’un ouvrage écrit dans ces conditions on ne peut attendre une complète unité de ton. De fait, dans la première partie, suite de l’ouvrage de Thucydide, Xénophon s’est laissé influencer par l’ouvrage dont il entreprenait de rédiger la fin. On ne saurait s’en étonner. Il débutait alors, on peut le croire, dans la carrière littéraire[6], et ne s’était pas encore fait une personnalité d’écrivain. D’autre

  1. Ce n’est pas le lieu de traiter longuement ici de la date de l’Agésilas, dont plusieurs passages reproduisent, avec de petites variantes, le texte des Helléniques (cf. plus loin, p. 23). Cet opuscule a certainement été rédigé très peu de temps après la mort d’Agésilas, sans doute vers 359, et par conséquent avant que la rédaction des Helléniques ne fût achevée.
  2. Masqueray, Préface à l’Anabase, p. VIII-X.
  3. Certainement terminée et parue lorsqu’il écrivait le début du livre III des Helléniques : cf. III, 1, 1 et la note.
  4. Cf. III, 2, 7 et la note.
  5. Cf. plus loin p. 15, n. 3.
  6. À moins qu’on ne lui attribue le Cynégétique : les partisans de l’authenticité de ce joli petit traité y voient volontiers une œuvre de jeunesse.