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après 380[1], le milieu du livre VI, entre 358 et 355[2], et il n’est pas impossible qu’en fait la rédaction de cet ouvrage se soit étendue sur un assez grand nombre d’années. Comme Xénophon est mort, selon toute vraisemblance, entre 355 et 350, on aura peine à croire qu’il ait composé la première partie des Helléniques après la seconde, et l’on est bien obligé d’admettre que cette première partie a été rédigée, non pas avant le départ de Xénophon pour l’armée de Cyrus, mais peu après son retour en Europe[3]. Et les différences qu’on relève entre les deux parties des Helléniques s’expliquent, d’abord par le temps écoulé entre leurs rédactions respectives, ensuite et surtout parce que dans cet intervalle Xénophon a écrit l’Anabase[4], où il a pris conscience de son talent et fixé sa manière d’écrire.

Faut-il aller plus loin, et, dans cette seconde partie des Helléniques, distinguer à nouveau deux sections, l’une allant jusqu’au milieu du livre V et rédigée avant 384, l’autre allant jusqu’à la fin et rédigée après la bataille de Mantinée ? Cette théorie, proposée pour la première fois par Nitsche[5], et dont j’ai déjà essayé de montrer les faiblesses, a été reprise récemment par M. de Sanctis : selon le savant historien, il y aurait deux sections dans la deuxième partie des Helléniques, et la première partie, qui comprendrait la totalité des livres I et II, aurait été rédigée après la première section

  1. D’après la mention de la mort du roi Pausanias (III, 5, 25) ; cf. Rev. Phil., 1930, p. 120. M. de Sanctis (Annali della R. Scuola N.S. di Pisa, 1932, p. 27), désireux d’enlever toute valeur à cette indication, qui gêne sa propre théorie sur la composition des Helléniques, suppose que ce passage a été rajouté après coup par Xénophon lui-même ; j’avoue n’avoir pas été convaincu par son argumentation.
  2. VI, 4, 37.
  3. M. Theod. Marschall, Untersuch. zur Chronol. der Werke Xen., Dissert. Munich 1928, p. 11, se fait fort d’établir que toutes les œuvres de Xénophon ont été rédigées entre 370 et 355 : on ne peut qu’attendre sa démonstration.
  4. Sur la date vraisemblable de l’Anabase, cf. Masqueray, Préface à l’Anabase, p. 9.
  5. Ueber die Abfassung von Xen. Hell., Progr. Berlin, Sophien-gymnasium, 1871.