modifié sensiblement l’idée que nous pouvions nous faire du texte des Helléniques[1]. Π, qui, par son étendue, permet des conclusions plus solides que les autres, contient un nombre assez petit de nouvelles leçons[2] bonnes ou douteuses, un nombre plus considérable de nouvelles leçons franchement mauvaises et une certaine quantité de fautes d’orthographe sans intérêt que je me suis en général abstenu de mentionner ; aucune de ces nouvelles leçons n’est importante, et dans l’ensemble le texte de Π est assez voisin de celui de nos manuscrits. Dans le cas ou il y a divergence entre les manuscrits, c’est avec Β que Π a le plus d’affinités, ce qui ne veut pas dire, naturellement, que Β et Π appartiennent a la même famille[3], mais ce qui confirme la supériorité de Β sur les autres manuscrits. Le plus grand intérêt de ces papyrus est sans doute de démontrer l’antiquité de certaines fautes : on est tout surpris de voir qu’au IIIe siècle de notre ère on lisait déjà δυοῖν καὶ εἶκοσιν ἐτοῖν (I, 3, i) — leçon intolérable que Dindorf avait déjà corrigée en ἐτῶν, — et que le passage I, 4, 13-14 était déjà corrompu.
L’étude des citations des Helléniques qu’on peut trouver dans les auteurs anciens amène à des conclusions analogues. Le premier auteur qui ait cité Xénophon est Xénophon lui-même. On sait qu’il a utilisé pour son Agésilas des passages entiers des livres III-IV des Helléniques. En laissant de côté certaines divergences qui peuvent être maintenues — car il est tout naturel que dans un Eloge Xénophon ait usé d’un style plus orné que dans un ouvrage historique[4] — on
- ↑ Je ne fais que résumer ici la partie relative aux Helléniques de l’excellente étude d’A. W. Persson, Zur Textyeschichte Xenophons, Lunds Universitets Arsskrift, X (1915).
- ↑ M. Persson en compte 20 (p. 41) ; je trouve qu’il a fait la part large à Π ; plusieurs de ces leçons me paraissent douteuses, quelques-unes nettement inférieures a celles des mss., en particulier ἐπαγόμενος ; pour ὑπαγ. (I, 3, 19 ; cf. II, 3, 12). Comme leçons certainement bonnes, je n’en retiendrais, pour ma part, que 13.
- ↑ On ne peut que renvoyer ici aux très justes remarques de M. P. Collomp, REG, XLII (1929), p. 265.
- ↑ Cf. A. Opitz, Quaestiones Xenophonteae, Breslauer philol. Abhdl., XII, 1910.