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(1, 6, 38) des autres manuscrits, ou ὑμῖν ἐρρωμενεστέρως contre ἐρρ. ὑμῖν (III, 5, 14), on croira difficilement qu’il s’agisse là d’une rencontre fortuite. On constate même que certains manuscrits de la première famille ont autant de leçons communes avec certains manuscrits de la seconde qu’avec ceux de la première ; en étudiant 60 passages à variantes caractéristiques du 1er livre, j’ai relevé 26 cas où V est d’accord avec F, 22 seulement où il est d’accord avec B. Ces faits peuvent recevoir diverses explications : ou bien l’on admettra que l’archétype commun des deux familles était un archétype porteur de variantes qui s’étaient maintenues comme telles dans les manuscrits d’où dérivent directement nos deux familles ; ou bien — comme on ne peut penser que les manuscrits de la première famille aient été influencés dans le détail par ceux de la seconde (car le premier soin de leurs copistes aurait été évidemment d’y combler les lacunes du début du livre V)[1] — il faut supposer que les copistes des manuscrits de la seconde famille — ou de leur source commune — ont consulté partiellement un ou plusieurs manuscrits de la première[2]. De toute façon, nous avons affaire à une tradition « contaminée », constatation qui n’a pas seulement, on le verra, un intérêt théorique.

Quatre papyrus contiennent des fragments des Helléniques. On peut éliminer tout de suite Pap. Oxyr., 1, 302, qui ne contient que quelques mots, et dont l’identification avec Hell., 1, 1, 20-22, proposée par Crönert (Archiv f. Papf., I, p. 530) n’est même pas assurée. — Papyr. Oxyr., 1, 28, du iie siècle, et II, 226, du i-iie siècle, contiennent respectivement III, 1, 3-7 et VI, 5, 7-9 ; enfin Pap. Rainer VI, p. 97 (Π) du iiie siècle, contient I, 2, 2-I, 5, 8. Ces papyrus n’ont pas

  1. Comme l’a fait, d’ailleurs, le copiste de H : cf. p. 20.
  2. L’existence de la lacune V, 3, 18, commune aux mss. de la seconde famille, n’exclut pas cette hypothèse : il s’agit d’une lacune courte et unique, dont les copistes ont pu ne pas soupçonner l’existence, tandis que les lacunes du début du livre V sont nombreuses, quelques-unes longues, et elles étaient parfaitement connues des copistes des mss. de la première famille, qui les ont indiquées eux-mêmes en laissant des « blancs ».