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« confusion », à ce « trouble » dont, après la bataille de Mantinée, il signale l’affligeant progrès.

On retrouve donc dans les Helléniques les qualités et les défauts ordinaires de Xénophon : esprit éveillé, qui sait voir et peindre, plus curieux qu’appliqué, plus étendu que profond, dilettante et non chercheur. De même qu’en philosophie il n’a retenu du Socratisme qu’une enveloppe morale assez mince, de même, dans l’histoire, qu’il abordait en mémorialiste après avoir écrit ce chef-d’œuvre qu’est l’Anabase, il s’est surtout attaché à l’extérieur des faits et à leur aspect pittoresque ou dramatique. Aussi son œuvre marque-t-elle, au point de vue de la méthode et de la pensée, un recul sur celle de Thucydide ; elle ne rejoint pas non plus l’épopée naïve d’Hérodote ; elle ferait parfois songer plutôt aux Chroniques de notre Froissart, plus à l’aise encore que Xénophon au milieu du conflit où s’affrontent les États et les cités, mais comme lui attentif surtout aux « honorables emprises, nobles aventures et faits d’armes », comme lui capable de rendre avec bonheur une scène piquante ou dramatique, comme lui indifférent au sens profond des événements.


II

Le texte des Helléniques.


Les manuscrits des Helléniques sont, dans l’ensemble, encore plus récents que ceux de l’Anabase. Tandis que pour ce dernier ouvrage on en possède au moins deux des xiie-x siècles[1], le plus ancien de ceux des Helléniques date du xive siècle. Le mérite de les avoir répartis en deux classes revient à O. Riemann, qui, dans une étude très approfondie[2], a constaté que certains d’entre eux présentaient, dans le premier chapitre du livre V, une série de lacunes communes, qui ne peuvent s’expliquer que par une commune origine[3]. À ce premier groupe appartiennent :

  1. Masqueray, Préf., p. 33-34.
  2. Qua…ratione Hellen. Xenoph. textus constituendus sit, Paris 1850.
  3. J. A. Simon (Xenophon-Studien II, Programm Düren, 1888) a