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effort pour réunir, confronter, critiquer les informations. D’importantes conventions sont signalées sans précision, parfois même sans que leur texte soit donné[1] ; sur une série d’événements aussi considérables que les campagnes maritimes des années 394-387, il est visible que Xénophon n’a eu que des renseignements insuffisants[2]. Enfin, si, pour l’année 395, on confronte son récit avec celui de l’Anonyme d’Oxyrrhynchos, on constate combien la documentation de ce dernier est plus complète et plus précise sur les affaires d’Athènes, de la Grèce centrale, de Rhodes, et sur les opérations navales de Conon ; même sur une série d’événements où l’on s’attendrait à trouver Xénophon particulièrement bien renseigné — les campagnes d’Agésilas en Lydie et en Phrygie — il n’est pas assuré que le récit des Helléniques doive toujours être préféré à celui de l’Anonyme[3].

Surtout Xénophon, si curieux de l’aspect dramatique ou pittoresque des événements, est peu sensible à leur enchaînement et à leurs causes. Le comment des événements l’inté-

  1. Il y a certainement du flou dans les souvenirs de Xénophon relatifs aux conventions de 403 et de 401 entre « gens de la Ville » et « gens du Pirée » (Rev. Phil., 1930, p. 121) ; les clauses de la paix de 375 entre Athènes et Sparte ne sont pas mentionnées (VI, 2, 1) ; rien n’est dit sur l’organisation de la confédération arcadienne (VI, 5, 6) dont Xénophon connaît cependant le fonctionnement (VII, 1, 38 ; 4, 2 ; 34).
  2. IV, 8
  3. Ed. Meyer, Theopomps Hellenika, p. 3-34, et surtout Ch. Dugas, BCH, XXXIV, p. 59-95, dont l’étude consciencieuse garde toute sa valeur. M. de Sanctis, dans un article aussi intéressant qu’ingénieux, Atti della R. Acad. delle Scienze di Torino, LXVI, p. 175-190, s’est efforcé de réhabiliter, en particulier pour la bataille de Sardes, le récit de Xénophon. Son principal argument est qu’il serait absurde d’admettre que Xénophon, probablement témoin oculaire de la bataille, en ait donné une version moins exacte que l’auteur inconnu du papyrus d’Oxyrrhynchos. Je rappelle que Xénophon, commandant des Κυρεῖοι jusqu’au printemps de 395, a été relevé de son commandement — dans des circonstances que nous ignorons — par le Spartiate Hérippidas (Hell., III, 4, 20) ; que, depuis cette date jusqu’au printemps de 394 où il revint en Grèce avec Agésilas (Anab., V, 3, 6), on n’a aucun renseignement sur son activité : et que je persiste à croire (cf. plus haut, p. 7) que le livre III des Helléniques a été rédigé