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Page:Xénophon - Helléniques, Les Belles Lettres, tome I.pdf/13

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ses généraux[1] ; bien mieux, dans certains cas douteux, il choisit l’hypothèse la plus favorable à ses compatriotes : c’est ainsi qu’il se refuse à admettre que la corruption ait joué le moindre rôle dans la décision que prit Athènes de se ranger, en 395, aux côtés des ennemis de Sparte[2]. Vis-à-vis d’une seule ville Xénophon s’est laissé aller à toute la violence de son inimitié : c’est vis-à-vis de Thèbes, cité oligarchique pourtant et patrie de beaux militaires, mais pour laquelle il a partagé tout le ressentiment de son ami Agésilas. Thèbes semble, dans son récit, porter la responsabilité de tout ce qui, depuis le début du IVe siècle, a troublé la paix de la Grèce[3] ; et, partout où l’occasion s’en présente, un mot, une appréciation ironique ou malveillante[4] confirme l’attitude de Xénophon ; son silence est d’ailleurs aussi injuste que ses jugements : c’est tout à fait à la fin des Helléniques, et comme à regret, qu’il consent à faire d’Épaminondas un éloge d’ailleurs strictement limité à ses talents militaires[5] ; Pélopidas n’est nommé que dans une seule occasion, faite d’ailleurs pour le rendre antipathique — c’est-à-dire l’ambassade de 375 auprès du Roi[6]. Ainsi l’effort de Xénophon pour juger équitablement la patrie qui l’avait exilé comme la cité qui l’avait accueilli n’a pas été jusqu’à lui faire apprécier sans haine la ville qui avait outragé Agésilas[7], et détruit la puissance militaire de Sparte.

Cette partialité limitée n’est cependant pas, au point de vue historique, le plus grave défaut des Helléniques. On a vu qu’il a rejeté à partir de la fin de la guerre du Péloponnèse

  1. ↑ Iphicrate (VI, 2, 27-32, à comparer avec un éloge très semblable d’Agésilas, III, 4, 16-19).
  2. ↑ III, 5, 2 et la note.
  3. ↑ Thèbes organise en 395 la coalition contre Sparte : III, 5, 3 ; les hommes d’Etat thébains sont seuls responsables de l’occupation de la Cadmée par les Spartiates (V, 2, 25-36), et même — ce qui est vraiment difficile à admettre — du coup de main de Sphodrias sur Athènes (V, 4, 20).
  4. ↑ Par exemple III, 5, 21-24.
  5. ↑ VII, 5, 19.
  6. ↑ VII, 1, 33-38.
  7. ↑ III, 4, 4.
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