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fille qu’il y avait mariée : il promet, quant à lui, de conduire l’armée par un chemin praticable, même aux bêtes de somme. On lui demande s’il ne s’y rencontre point de pas difficile ; il répond qu’il y a une hauteur qui rend le passage impossible, si l’on ne prend les devants.

Alors on est d’avis d’assembler aussitôt les lochages, les peltastes et un corps d’hoplites, de leur dire ce dont il s’agit et de leur demander s’il y en a qui veuillent se montrer gens de cœur et marcher en volontaires. Parmi les hoplites il se présente Aristonyme de Méthydrie et Agasias de Stymphale, tous deux Arcadiens. Une contestation s’élève entre eux et Callimaque de Parrhasie, également Arcadien. Ce dernier dit qu’il veut marcher avec des volontaires tirés de toute l’armée. « Je suis sûr, ajoute-t-il, que beaucoup de jeunes soldats me suivront, si je marche à leur tête. » On demande ensuite s’il y a quelques gymnètes ou quelques taxiarques qui veuille être du détachement. Il se présente Aristéas de Chios, qui souvent, en de pareilles occasions, avait rendu de grands services à l’armée.


CHAPITRE II.


On envoie deux mille hommes d’élite s’emparer des hauteurs. — Ils y réussissent. — Passage difficile à travers les montagnes.


Le jour tombait ; on commande aux volontaires de partir aussitôt après leur repas : on met des liens au guide et on le leur livre. On convient avec eux que, s’ils s’emparent de la hauteur, ils s’y maintiendront toute la nuit ; au point du jour, ils sonneront de la trompette ; après quoi, ils descendront de la hauteur sur les ennemis qui gardent le chemin en vue, et l’armée se portera à leur secours le plus vite possible. Cet arrangement pris, les volontaires se mettent en marche, au nombre de deux mille environ. Il tombait une grande pluie. Xénophon, suivi de l’arrière-garde, conduit ses gens vers le chemin en vue, afin d’y tourner toute l’attention des ennemis et de couvrir le mouvement de la troupe en marche. À peine l’arrière-garde est-elle arrivée à un ravin qu’il fallait traverser pour gravir la montagne, que les Barbares roulent d’en haut des pierres rondes, grosses à remplir un chariot, les unes d’un plus grand et les