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en ce moment, j’aurais plaisir à deviser avec vous. Je sais, mes amis, qu’il n’est pas possible de reprendre un écrit une fois lancé par le monde. Or, Platon, quoique absent, exerce une grande influence par ses ouvrages ; on l’admire déjà en Italie et dans toute la Sicile. Et nous, nous avons grand peine à nous convaincre combien tout cela est important. Ce n’est pas que j’éprouve quelque regret de ne point me faire une réputation de philosophe ; mais il faut veiller à ce que je ne compromette en rien la vertu de Socrate, par quelques faits mal présentés dans mes mémoires. Il y a, selon moi, très-peu de différence entre calomnier un homme et écrire des choses indignes de la vertu de celui sur lequel on écrit. Telle est, Cébès et Simmias, la crainte qui nous préoccupe, si vous n’avez pas changé d’opinion sur ces faits. Bonne santé.




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FRAGMENTS DE LETTRES


EXTRAITES DU FLORILEGIUM DE STOBÉE[1].



I[2]. — Lettre à Eschine[3].


… Hermogène[4], m’ayant rencontré, commença par me parler de choses et d’autres ; puis, comme je lui demandais à quelle philosophie tu t’appliquais, il me répondit : « À celle de Socrate. » Pour moi, lors de ton séjour à Athènes, je t’admirais déjà à cause de cette résolution. Or, mon admiration naissante s’est accrue aujourd’hui, en te voyant persévérer dans ce projet au-

  1. Nous avons sous les yeux deux éditions du Florilegium de Stobée. La première porte ce titre : Joannis Stobei sententiæ, etc. Tiguri, Christoph Froschoverus, MDXLIII, avec traduction latine. La seconde est l’édition courante, publiée par Tauchnitz, Leipsig, 1838. C’est à celle-ci que nous renverrons dans les notes.
  2. Voy. Stobée, t. III, p. 407 et 408.
  3. Eschine le Socratique, auteur de quelques dialogues, annexés parfois aux œuvres de Platon.
  4. Voy. l’Apologie, dans notre tome I, p. 197,