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prescrit de s’exercer, seront plus assidus aux exercices du gymnase, quand ils se verront mieux traités que ceux qui obéissent aux gymnasiarques dans les Lampadophories[1]. Nos soldats, dans les garnisons, nos peltastes et nos garde-frontières feront bien mieux leur service, quand chacun se verra traité suivant ses œuvres.



CHAPITRE V.


Nécessité de la paix pour accroître le revenu.


S’il paraît évident que la paix est nécessaire à l’accroissement des revenus de l’État, ne serait-il pas à propos de créer des magistrats préposés au maintien de la paix ? Cette magistrature rendrait notre cité plus chère au reste des hommes et attirerait chez nous une plus grande affluence. Et, s’il en est qui s’imaginent qu’une paix perpétuelle affaiblirait la puissance, le prestige et le renom que nous avons dans la Grèce, ceux-là, selon moi, ne voient pas les choses sous leur vrai jour. On vante surtout la prospérité des villes qui se sont maintenues en paix le plus longtemps : en est-il une seule qui ait, plus qu’Athènes, gagné à la paix ? Qui donc, quand notre ville est en paix, peut se passer d’elle, à commencer par les pilotes et les marchands ? Parlerai-je des pays riches en blé, en vin ordinaire et en vin fin ? Que dirai-je de ceux qui abondent en huile, en bestiaux, qui font valoir leur industrie ou leur argent ? Joignons-y les artistes, les sophistes, les philosophes, les poëtes et ceux qui s’occupent de leurs œuvres, puis ceux qui s’intéressent à ce qu’il y a de curieux à voir et à entendre en fait de choses saintes et sacrées, tous ceux enfin qui aiment la promptitude dans les ventes et dans les achats : où peuvent-ils rencontrer mieux qu’à Athènes ?

Personne, sans doute, ne me contredira sur ce point. Cependant quelques citoyens, jaloux de voir notre cité recouvrer sa

  1. Fêtes en l’honneur de Minerve, de Vulcain et de Prométhée : on s’y passait de main en main des flambeaux allumés, et c’est à cet usage que fait allusion le beau vers de Lucrèce :
    Et quasi cursores vitaï lampada tradunt.