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CHAPITRE II.


Des moyens d’augmenter le nombre des métèques.


Tout cela, comme je l’ai dit, me paraît tenir à la nature du pays. Commençons donc par ajouter à ces avantages naturels la bienveillance pour les métèques[1] : c’est là, selon moi, un magnifique revenu, attendu que les métèques, en se nourrissant eux-mêmes et en procurant aux villes de grands avantages, ne perçoivent rien et nous payent, au contraire, le droit de domicile. Or, cette bienveillance sera suffisante, à mon avis, si nous supprimons les charges sans profit pour la ville, mais peu honorables pour les métèques, et si nous dispensons les métèques de servir dans les hoplites avec les citoyens. C’est pour eux un grand danger, et c’est également une grande affaire de quitter leur métier ou leur maison. D’autre part, l’État est mieux servi quand les citoyens tout seuls sont sous les armes, que quand on confond, comme aujourd’hui, dans une armée, Lydiens, Phrygiens et Syriens, et autres Barbares[2] (8) de toute espèce : car voilà quels sont la plupart des métèques.

Outre l’avantage qu’il y aurait pour eux à être exemptés du service, ce serait un honneur pour la ville, si les Athéniens comptaient plutôt dans les combats sur eux-mêmes que sur des étrangers. Je crois encore qu’en partageant avec les métèques toutes les autres fonctions honorables, même celles de l’ordre équestre, nous nous concilierons leur bienveillance et nous rendrons notre cité plus forte et plus grande.

De plus, comme nous avons, à l’intérieur des murs, beaucoup d’emplacements vides de maisons, si la ville concédait à quiconque y ferait bâtir le droit de propriété, quand il en paraîtrait digne, je suis sûr que beaucoup plus d’étrangers, et des

  1. La proposition que fait ici Xénophon n’est que l’application restreinte de la loi de Solon, conservée par Plutarque, Vie de Solon : « Les émigrants qui viendront se fixer à Athènes avec toute leur famille, pour y établir un métier ou une fabrique, pourront, dès cet instant, être élevés à la dignité de citoyen. »
  2. Il y avait notamment à Athènes une milice d’archers scythes, à laquelle Aristophane a emprunté, pour provoquer le rire, un personnage du genre des Suisses qui vont voir pendre M. de Pourceaugnac. Voyez les Fêtes de Cérès, trad. de M. Artaud, p. 374