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GOUVERNEMENT



DES ATHÉNIENS[1].



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CHAPITRE PREMIER.



Idées générales sur le gouvernement d’Athènes. — Des esclaves et des étrangers. — Traits d’injustice et de méchanceté des Athéniens envers leurs alliés. — Juridiction d’Athènes. — Goût pour la marine.


Le gouvernement des Athéniens et le choix qu’ils ont fait de cette forme politique n’est pas ce que j’entends louer ici, vu que ce choix favorise plus les méchants que les bons[2]. Sous ce rapport, je ne puis donc l’approuver ; mais puisqu’il leur a plu de l’adopter, je vais démontrer qu’ils emploient les vrais moyens de la maintenir, et qu’ils ont raison de faire bien des choses que les autres Grecs regardent comme des fautes.

Je dis donc d’abord que c’est une justice[3] chez eux de donner l’avantage aux pauvres ou au peuple sur les nobles et sur les riches, parce que c’est le peuple qui fait la marine et qui constitue la force de la république. Les pilotes, les céleustes,

  1. Weiske, en réfutant t’opinion des éditeurs ou commentateurs qui doutent de l’authenticité de cet opuscule, fait ressortir avec justesse, selon nous, que ce traité est l’œuvre satirique d’un homme irrité, avec raison du reste, contre le décret qui l’avait banni de sa patrie. Voyez cette dissertation dans le Xénophon de Weiske, t. VI, p. 64 et suivantes. C’est, à notre avis, un excellent morceau de critique. — Cf., pour quelques-unes des institutions d’Athènes, Barthélemy, Voyage d’Anacharsis, et de Pauw, Recherches philosophiques sur les Grecs.
  2. C’était la démocratie pure, fondée sur une égalité complète entre les citoyens. — Cf. Aristote, Politiq. II, 10 ; V, 6 ; Polybe, VI, 41 et suivants. La formule de la loi solennelle, qui établissait cette démocratie, nous a été conservée par Plutarque, dans ta Vie d’Aristide, ch. XXII : « Κοινὴν εἶναι τὴν πολιτείαν, καὶ τοὺς ἄρχοντας ἐξ Ἀθηναίων πάντων αἱρεῖσθαι : le gouvernement est commun, et les magistrats sont choisis parmi tous les citoyens d’Athènes. »
  3. On ne peut douter que ce mot d’éloge ne soit une ironie.