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faut pour ne point s’incommoder les uns les autres : c’est leur sûreté qui l’exige ainsi.

Ils changent souvent de camp pour nuire à l’ennemi et pour être utiles à leurs alliés. Les exercices gymniques sont prescrits par la loi à tous les Lacédémoniens, tant qu’ils sont à l’armée ; c’est un moyen de leur inspirer une nouvelle ardeur et plus d’indépendance que n’en ont les autres peuples. Leur promenade ou leur course ne doit pas s’étendre au delà de l’étendue de la more, afin que personne ne se trouve loin de ses armes.

Après les exercices, le premier polémarque fait donner le signal de s’asseoir ; c’est une sorte de revue. Vient ensuite le dîner, et puis le relevé de la garde, auquel succèdent les amusements et le repos jusqu’aux exercices du soir. Ces exercices terminés, le héraut appelle au souper, et, après des chants en l’honneur des dieux, auxquels on a offert d’heureux sacrifices, on se repose sur ses armes. Voilà bien des détails ; mais on ne doit pas s’en étonner, attendu qu’on trouvera que, dans les pratiques militaires, les Lacédémoniens ont omis bien peu de chose de ce qui est digne de quelque attention.


CHAPITRE XIII (XV)[1].


Des rapports du roi avec la république.


Je veux parler aussi des engagements que Lycurgue a fait contracter au roi avec la république. En effet, cette autorité seule subsiste telle qu’elle était dans le principe, tandis que les autres fonctions ont subi ou subissant encore des altérations.

Lycurgue a donc ordonné que le roi sacrifiât, au nom de l’État, comme descendant d’un dieu, et qu’il commandât les armées partout où l’enverrait la république. Une autre de ses attributions, c’est d’avoir, à titre honorable, une part des victimes immolées et une portion de terrain choisi pris sur les villes voisines, de manière à être au-dessus du besoin, sans avoir une fortune excessive. Et afin que les rois prissent leurs repas hors de chez eux, Lycurgue leur fit construire une salle publique, et

  1. Ce chapitre est d’ordinaire le xve dans quelques éditions. Nous l’avons placé ici sur l’autorité de Fr. Haase, et cette transposition parait, en effet, très-logique.