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de vous qui, se trouvant dans le besoin, auront recours à moi. » Tel est le langage de Cyrus.


CHAPITRE V.


Retour de Cyrus en Perse, puis en Médie. — Il épouse la fille de Cyaxare.


Quelque temps après, voyant que tout va bien à Babylone, il songe à s’en éloigner, et il fait des préparatifs pour aller en Perse, avec ordre qu’on se dispose à le suivre. Dès qu’il se voit muni de tout ce qui lui est nécessaire, il se fait atteler le chariot du départ. C’est ici le lieu de parler de l’ordre avec lequel une armée si nombreuse campait et décampait, et de la promptitude de chacun à prendre la place qu’il devait occuper.

On sait que, quand le roi de Perse campe, tous les courtisans l’accompagnent, et logent sous des tentes, l’hiver comme l’été.

Cyrus ordonne d’abord que l’entrée de la sienne soit toujours au soleil levant, et fixe l’intervalle qui doit la séparer de celles des doryphores. Il marque le logement des boulangers à sa droite, celui des cuisiniers à sa gauche : il place également à sa droite les chevaux, et à sa gauche les autres bêtes de somme. Le reste est réglé de manière que chaque troupe reconnaisse sans peine le lieu et l’espace, qui lui sont destinés. Quand on décampe, chacun recueille le bagage dont il doit prendre soin, d’autres le chargent sur les bêtes de somme. Les skeuagoges se rendent tous en même temps aux quartiers qui leur sont assignés, et chargent tout à la fois ; d’où il arrive que toutes les tentes, qu’il faille les dresser ou les lever, n’exigent pas plus de temps qu’une seule. Il en est de même pour les vivres : comme chaque valet a sa tâche particulière, il ne coûte pas plus de temps pour tous les mets que pour un seul. Les boulangers et les cuisiniers ne sont pas les seuls à qui il ait assigné des places commodes pour le travail : en distribuant les quartiers aux troupes, il a égard à l’espèce de leurs armes, et chaque corps sait si bien le lieu qui lui est indiqué, qu’il s’y établit sans jamais se méprendre.

Cyrus pensait qu’il est nécessaire de mettre de l’ordre dans une maison particulière, parce que, quand on a besoin de quelque chose, on voit nettement où il faut aller la prendre : à plus