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dans les divers exercices. Les chefs qu’il voit attentifs à perfectionner la discipline de leurs soldats, il les encourage de ses éloges et de toutes les faveurs qui peuvent dépendre de lui. Quand il célèbre un sacrifice ou une fête, tous les exercices que les hommes font à la guerre, il en fait des concours, en accordant de magnifiques récompenses aux vainqueurs : les meilleures dispositions animent son armée.

Déjà Cyrus tient prêt tout ce qu’il peut pour se mettre en campagne, sauf les machines : la cavalerie presque complétée jusqu’au nombre de dix mille hommes ; ainsi que les chars armés de faux, qu’il a fait construire lui-même ; puis, cent autres que le Suzien Abradatas a fait faire pareils à ceux de Cyrus ; et enfin cent chars médiques qu’il avait conseillé à Cyaxare de réformer d’après ce modèle, au lieu de les laisser à la mode troyenne et lydienne : en outre, sur chaque chameau étaient portés deux archers. La plus grande partie de l’armée avait la conviction qu’elle serait victorieuse, et que les forces des ennemis n’étaient rien.

Voilà quelles étaient les dispositions, lorsque les Indiens reviennent de chez les ennemis, où Cyrus les avait envoyés pour observer. Ils rapportent que Crésus a été élu général en chef de l’armée ennemie. On a décidé que tous les rois alliés s’y rendront au plus tôt, chacun avec toutes ses troupes, et des sommes considérables, pour payer autant de mercenaires qu’on en pourrait enrôler, et faire des largesses à qui de droit ; ils ont déjà à leur solde quantité de Thraces armés de longs sabres ; des Égyptiens arrivent par mer, et l’on dit que le nombre s’en élève à douze myriades, armées de boucliers, de longues javelines comme ils en ont encore aujourd’hui, et de poignards : on attend une armée de Cypriotes ; déjà sont au camp tous les Ciiliciens, les Phrygiens des deux pays, les Lycaoniens, les Paphlagoniens, les Cappadociens, les Arabes, les Phéniciens et les Assyriens, et avec eux le souverain de Babylone ; les Ioniens, les Éoliens et presque tous les Grecs qui habitent l’Asie ont été contraints de suivre Crésus. Crésus a envoyé traiter d’une alliance avec les Lacédémoniens ; le rendez-vous général est sur les bords du fleuve Pactole ; de là, on doit marcher sur Thymbrara, où s’assemblent encore de nos jours les Barbares de la basse Syrie, soumis à la domination du frère du roi : enfin, l’on a ordonné à tous ceux qui ont des vivres à vendre, de les porter en cet endroit. Les prisonniers tiennent un langage analogue : car Cyrus avait soin de faire saisir ceux dont il pouvait