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LIVRE VI.


CHAPITRE PREMIER.


Les alliés prient Cyrus de ne pas licencier l’armée. — On décide de continuer la guerre. — Cyrus conseille de détruire les châteaux des ennemis et d’en construire de nouveaux. — On prend des quartiers d’hiver. — On augmente la cavalerie perse et l’on construit des chars à faux. — Amour d’Araspe pour Panthéa. — Panthéa fait demander Ahradatas. — Services que celui-ci rend à Cyrus. — Construction de chariots à tours.


La journée ainsi passée, l’on soupe et l’on va se reposer. Le lendemain, dès le matin, tous les alliés se rendent aux portes de Cyaxare. Pendant que Cyaxare s’habille, en entendant le bruit de la foule qui se presse à ses portes, les amis de Cyrus présentent à celui-ci : les uns, les Gadusiens, qui le prient de demeurer ; les autres, les Hyrcaniens ; tel autre, les Saces ; tel autre, Gobryas ; Hystaspe lui amène l’eunuque Gadatas, qui prie également Cyrus de rester. Alors Cyrus, qui savait que Gadatas se mourait de peur que l’armée ne fût licenciée, lui dit en riant : « Il est clair, Gadatas, que c’est Hystaspe qui t’a stylé à ces sentiments-là. » Gadatas, levant les mains au ciel, jure que ce n’est point Hystaspe qui l’en a stylé. « Mais je vois, ajoute-t-il, que, si tu te retires avec tes troupes, c’en est fait de nous complètement. Voilà pourquoi je demandais moi-même à Hystaspe s’il connaissait la résolution relative au licenciement des troupes. — J’ai tort alors, dit Cyrus, selon toute apparence, de m’en prendre à Hystaspe. — Tout à fait tort, Cyrus, dit Hystaspe, car moi-même je lui représentais que tu ne pouvais rester parce que ton père te rappelait. — Que dis-tu ? Tu as osé décider de ce que nous voulons faire ou non ? — Oui, par Jupiter ! Je te vois désirer vivement d’aller te montrer aux yeux des Perses et