Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/334

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ses soldats de près : « Afin, dit-il, que nous leur redonnions du cœur, si c’est possible. » L’armée part. Arrivés au lieu où les Cadusiens ont été battus, l’on ensevelit les morts, on pille la campagne, et les troupes rentrent chargées de butin sur les terres de Gadatas.

Cyrus alors à la pensée que les peuples voisins de Babylone, unis à son parti, seront maltraités quand il ne sera plus là. Il renvoie donc tous les prisonniers, en les chargeant de dire à l’Assyrien, et lui-même envoie un héraut pour lui annoncer qu’il est prêt à laisser tranquilles ceux qui travaillent la terre, et à ne point leur faire de mal, si, lui, de son côté, laisse travailler les ouvriers de ceux qui se sont joints à lui. « Ainsi, ajoute-t-il, tu peux les empêcher de travailler, mais tu n’en empêcheras qu’un petit nombre, car le pays de ceux qui se sont joints à moi est d’une faible étendue, tandis que moi je laisserais aux vôtres la culture de vastes campagnes. La récolte des fruits, si la guerre continue, sera, je n’en doute pas, le partage du plus fort : si vous faites la paix, il est clair qu’elle t’appartiendra. Dans le cas où quelqu’un violerait le traité, en prenant les armes, les uns contre toi, les autres contre moi, ncus nous unirons pour les punir de notre mieux. » Le héraut, stylé de la sorte, se rend auprès de l’Assyrien.

L’Assyrien, après avoir entendu les propositions de Cyrus, fait tout pour engager leur roi à les accepter, comme moyen de diminuer les maux de la guerre. L’Assyrien, soit pour ses compatriotes, soit de son propre mouvement, consent au traité. Il est donc convenu qu’il y aura paix pour ceux qui cultivent la terre, et guerre aux gens armés.

Telles sont les négociations de Cyrus relativement aux cultivateurs. En même temps, il engage ses nouveaux amis à conserver, s’ils le veulent bien, leurs pâturages sous leur propre domination, mais à prendre autant que possible leur butin sur les terres de l’ennemi, afin de rendre plus tolérable le service de leurs alliés : car les dangers seront toujours les mêmes, qu’on enlève ou non ce qu’il faut pour vivre, tandis que la nourriture prélevée sur l’ennemi allège le poids de la guerre.

Cyrus se préparait à partir, lorsque Gadatas arrive en lui apportant et en lui amenant des présents nombreux et variés, attestant une maison opulente, et particulièrement un grand nombre de chevaux enlevés à ses propres cavaliers, dont il se défiait depuis l’embuscade, il s’approche et dit : « Cyrus, je te les donne dès à présent ; uses-en comme à toi si tu en as be-