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s’empare de la forteresse, et fait embusquer dans les villages, très-voisins les uns des autres, un gros corps de cavalerie avec des chars. Gadatas, arrivé près des villages, envoie devant lui quelques éclaireurs. Dès que l’Assyrien voit les éclaireurs s’approcher, il fait sortir deux ou trois chars et un petit nombre de cavaliers, comme gens ayant peur et inférieurs en nombre. Les éclaireurs, les voyant fuir, les poursuivent et font signe à Gadatas, et celui-ci, trompé, les poursuit à toute bride. Les Assyriens, voyant Gadatas à portée d’être pris, sortent de leur embuscade. Gadatas et ses gens les aperçoivent et prennent tout naturellement la fuite ; mais les autres, naturellement aussi, les poursuivent : celui qui avait tendu le piège à Gadatas le frappe, mais le coup n’est pas mortel et il ne lui fait qu’une forte blessure à l’épaule. Cela fait, il s’élance, rejoint ceux qui sont en poursuite, s’en fait reconnaître ; puis, quand il est avec les Assyriens, il pousse son cheval et se met en poursuite avec le roi. Là, quelques-uns de ceux qui ont apparemment des chevaux trop lourds, sont pris par des cavaliers plus vîtes. La cavalerie de Gadatas, déjà épuisée par les fatigues de la route, était près de succomber, quand ils voient Cyrus arriver avec son armée. On peut croire que c’est avec la joie du marin qui revoit le port après l’orage. Cyrus est d’abord surpris ; mais, quand il apprend l’affaire, et que les ennemis marchent sur lui, il fait lui-même avancer sur eux son armée en bataille. Les ennemis, de leur côté, voyant le danger, prennent la fuite ; Cyrus les fait poursuivre par le corps de troupes désigné à cet effet, et lui-même les suit avec les autres aux points où il le juge utile. On prend, dans la déroute, plusieurs chars, dont les conducteurs ont été renversés en voulant tourner pour s’enfuir ou par d’autres accidents ; d’autres sont coupés et saisis par les cavaliers : on tue un grand nombre d’ennemis, et, entre autres, celui qui avait frappé Gadatas. Quant à l’infanterie assyrienne qui assiège son château, une partie se sauve en fuyant dans la forteresse enlevée à Gadatas ; l’autre, prenant les devants, se réfugie dans une grande ville dépendante de l’Assyrien, et l’Assyrien lui-même y cherche un asile avec sa cavalerie et ses chars. »

Cela fait, Cyrus rentre sur le territoire de Gadatas ; il donne ordre à ceux que ce soin regarde de veiller au butin, va tout aussitôt visiter Gadatas et lui demande comment il se trouve de sa blessure. Mais Gadatas arrive au-devant de lui, sa blessure déjà pansée. En le voyait, Cyrus est ravi et lui dit : « J’allais