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couchent toutes les nuits autour des édifices, avec leurs armes d’exercices, à l’exception de ceux qui sont mariés : ceux-ci en sont dispensés, s’ils n’ont un ordre antérieur de présence ; mais il est mal de s’absenter souvent.

Les chefs de ces sections sont au nombre de douze : car il y a aussi douze tribus chez les Perses. Pour les enfants, on choisit parmi les vieillards ceux qui semblent pouvoir rendre les enfants meilleurs : pour les adolescents, ceux des hommes faits qui semblent pouvoir rendre les adolescents meilleurs, et, pour les hommes faits, ceux qui semblent pouvoir les rendre plus capables d’obéir aux prescriptions et aux ordres de l’autorité suprême. Enfin les vieillards ont aussi leurs chefs, tirés de leurs classes, afin de veiller à ce qu’eux-mêmes accomplissent leurs devoirs.

Ce qui est prescrit à chaque âge, nous allons le retracer, afin de bien faire comprendre les moyens dont on use pour former d’excellents citoyens. Les enfants vont aux écoles pour apprendre les lettres. Leurs gouverneurs passent la plus grande partie de la journée à leur rendre la justice. Car il y a entre les enfants, aussi bien qu’entre les hommes faits, des accusations de vol, de rapine, de violence, de tromperie, d’injures et autres délits semblables ; et, si quelqu’un est convaincu de ces délits, on lui en inflige la peine. On châtie de même ceux qu’on prend à porter une fausse accusation. On juge encore un délit, qui est la source de toutes les haines parmi les hommes, et qui cependant n’est point poursuivi en justice : c’est l’ingratitude. Quand on voit qu’un enfant a pu être reconnaissant, et qu’il ne l’a pas été, on le châtie, et sévèrement. On croit que les ingrats se soucient fort peu des dieux, de leurs parents, de leur patrie, de leurs amis. Il leur semble aussi que l’ingratitude a pour compagne l’impudence : c’est, en effet, le guide le plus sûr vers tout ce qu’il y a de honteux.

Ils enseignent encore aux enfants la tempérance ; et ce qui contribue grandement à leur apprendre à être tempérants, c’est qu’ils voient chaque jour les plus âgés se montrer tempérants eux-mêmes. Ils leur enseignent aussi à obéir aux chefs ; et ce qui contribue grandement à leur éducation, sous ce rapport, c’est qu’ils voient les plus âgés pratiquer la même obéissance. Ils leur enseignent enfin à se régler pour le manger et pour le boire, et ce qui contribue à les rendre sobres, c’est qu’ils voient que les plus âgés ne vont prendre leur repas que quand leurs gouverneurs leur en ont accordé la permission. De plus,