CYROPÉDIE
OU
ÉDUCATION DE CYRUS.
LIVRE PREMIER[1].
CHAPITRE PREMIER.
Une pensée nous venait un jour à l’esprit : c’est le grand nombre de démocraties renversées par des gens qui préféraient tout autre gouvernement à la démocratie, puis le nombre de monarchies et d’oligarchies détruites par des factions démocratiques, enfin le nombre d’hommes qui, voulant exercer la tyrannie, ont été renversés en un clin d’œil, tandis que d’autres, pour s’être maintenus quelque temps, sont admirés comme gens prudents et chanceux. Nous réfléchissions aussi que, dans les maisons privées, composées, les unes d’une foule de domestiques, les autres d’un personnel peu nombreux, il se trouve des maîtres qui ne sauraient se faire obéir même de ce petit nombre. Nous songions encore que les bouviers commandent aux bœufs, les palefreniers aux chevaux, et qu’enfin tous ceux
- ↑ Nous conseillons aux lecteurs studieux, avant de commencer la Cyropédie, de lire dans le volume de l’Univers pittoresque qui contient la Perse, par M. L. Dubeux, les différentes traditions grecques relatives à l’histoire de Cyrus, p. 67 et suivantes. — Cf. Bossuet, Hist. universelle.