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nom, ils lui commandent de sortir pour se faire tuer sinon qu’ils vont le brûler tout vivant.

Déjà la flamme se fait jour par le toit : Xénophon et sa troupe étaient à l’intérieur, tous cuirassés, avec leurs boucliers, leurs sabres et leurs casques. Alors Silanus de Maceste, garçon de dix-huit ans, se met à sonner de la trompette. Aussitôt ils se précipitent l’épée au poing, en même temps que ceux des autres maisons. Les Thraces s’enfuient en se couvrant le dos de leurs peltes, suivant leur usage. Quelques-uns sont pris en voulant sauter par-dessus la palissade, leurs peltes s’étant embarrassée dans les pieux ; d’autres sont tués en cherchant une issue sans la trouver. Les Grecs les poursuivent hors du village.

Cependant quelques Thyniens reviennent pendant l’obscurité : du fond de la nuit, ils frappent à la lueur du feu des Grecs courant autour d’une maison incendiée ; ils blessent Hiéronyme, le lochage Euodias, et Théagène de Locres, également lochage ; mais il n’y a personne de tué : on en est quitte pour des habits ou des bagages qui brûlent. Seuthès arrive au secours avec sept cavaliers, les premiers qu’il trouve, et un trompette thrace. Celui-ci, comprenant ce dont il s’agit, ne cesse pas, tout le temps que dure l’attaque, de sonner de sa corne et d’effrayer ainsi les ennemis. À son arrivée, Seuthès tend la main aux Grecs et leur dit qu’il avait cru en trouver beaucoup de morts.

Xénophon le prie de lui remettre les otages, et lui propose de marcher avec lui à la montagne, ou, s’il ne le veut pas, de l’y laisser aller. Le lendemain, Seuthès lui livre les otages, les vieillards, disait-on, les plus considérables des montagnards.

Il arrive lui-même avec des troupes, dont le nombre était triplé. Beaucoup d’Odryses, sur le bruit de ce qu’avait fait Seuthès, étaient descendus se joindre à lui. Les Thyniens, voyant de la hauteur cette quantité d’hoplites, cette quantité de peltastes, cette quantité de cavaliers, descendent et demandent la paix. Ils consentent à tout faire et demandent qu’on reçoive leurs gages. Seuthès appelle Xénophon et lui communique ces propositions, ajoutant qu’il ne s’engage à rien, si Xénophon veut se venger de leur attaque. Celui-ci répond : « Pour ma part, je les trouve suffisamment punis aujourd’hui, si de libres ils deviennent esclaves. » Toutefois, je donne à Seuthès le conseil de prendre désormais pour otages ceux qui sont en état de mal faire, et de laisser les vieillards à la maison. Tous les habitants du pays consentent à ce traité.