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quand j’eus repassé de Parium au camp, revint et me promit que, si je t’amenais l’armée, tu me traiterais en ami et en frère, et que, de plus, tu me donnerais les pays maritimes qui sont en ton pouvoir. » II prie de nouveau Médosade d’attester qu’il a dit cela. Médosade en convient encore. « Eh bien, continue-t-il, rapporte donc à Seuthès ce que je t’ai répondu en Chalcédoine. — D’abord tu m’as répondu que l’armée allait passer à Byzance, qu’il était inutile pour cela de te gagner, non plus qu’un autre ; que, si tu traversais, tu t’en irais ; et tu as fait comme tu l’avais dit. — Et que t’ai-je dit, quand tu es venu à Sélybrie ? — Tu m’as dit que c’était impossible, mais que vous alliez à Périnthe pour retourner en Asie. — Aujourd’hui, reprend Xénophon, me voici avec Phryniscus, un des stratèges, et Polycrate, un des lochages ; et, à l’extérieur, se trouvent ceux de leurs hommes en qui chaque stratège, sauf Néon de Laconie, a le plus de confiance. Si donc tu veux rendre notre traité plus authentique, fais-les aussi venir. Toi, Polycrate, va les trouver, dis-leur que je leur ordonne de quitter leurs armes, et toi-même rentre sans épée. »

À ces mots, Seuthès dit qu’il ne se défie d’aucun Athénien : il sait qu’ils lui sont attachés par les liens du sang, et qu’il compte trouver en eux des amis dévoués. On introduit donc ceux dont la présence était nécessaire, et Xénophon commence par demander à Seuthès à quoi il compte employer l’armée. Seuthès répond : « Médosade était mon père : il avait pour sujets les Mélandeptes, les Thyniens et les Tranipses. Forcé de quitter le pays par suite d’une révolte des Odryses, mon père mourut de maladie ; je restai donc orphelin et fus élevé par Médocus, le roi actuel. Devenu jeune homme, je ne pus vivre d’une table étrangère ; assis sur le même banc que lui, je le suppliai de me donner toutes les troupes qu’il pourrait pour faire tout le mal possible à ceux qui nous avaient chassés et ne plus vivre l’œil fixé sur sa table, comme un chien. Il me donna les hommes et les chevaux que vous verrez au jour. Et maintenant je vis à leur tête, pillant les États de mes pères. Si vous vous joignez à moi, j’espère, avec l’aide des dieux, reconquérir aisément mon royaume. Voilà ce que j’ai à vous demander. — Eh bien, reprend Xénophon, si nous venons, que peux-tu donner à l’armée, aux lochages et aux stratèges ? Dis-le, afin que ceux-ci aillent l’annoncer. » Il promet à chaque soldat un statère de Cyzique, le double au lochage, le quadruple au stratège, de la terre autant qu’ils voudraient, des attelages et une ville ma-