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sie aperçoit un aigle d’un heureux augure, et engage Xénophon à sortir. On passe le fossé, on pose les armes et l’on fait publier par les hérauts que les soldats, après le repas, sortent armée, mais qu’ils laissent derrière le retranchement les esclaves et tout ce qui ne porte pas d’armes. Tout sort, excepté Néon, auquel on croit devoir laisser, comme poste d’honneur, la garde du camp. Mais les lochages et les soldats l’ayant quitté, honteux de ne pas suivre quand les autres marchaient à l’ennemi, il ne lui reste que les hommes âgés de plus de quarante-cinq ans : ceux-là tout seuls demeurent ; les autres marchent.

Après avoir fait quinze stades, on trouve des morts : on couvre les premiers cadavres qu’on rencontre d’une aile de la ligne, et l’on ensevelit tout ce qui est derrière. Ceux-là ensevelis, la marche continue, ainsi que la même manœuvre, et l’on ensevelit tout ce que l’armée rencontre. Arrivés au chemin qui conduit hors des villages, on y trouve beaucoup de cadavres près l’un de l’autre ; on les transporte tous ensemble et on leur donne la sépulture.

Il était plus de midi, quand l’armée s’avança hors des villages, enlevant tout ce qu’on trouvait de vivres dans le parcours de la phalange. Tout à coup on découvre les ennemis, qui avaient monté le revers de quelques collines en face des Grecs. Ils étaient sur une ligne pleine, avec beaucoup de cavaliers et de fantassins. Spithridate et Rhathinés étaient arrivés avec un détachement des troupes de Pharnabaze. Dès qu’ils ont aperçu les Grecs, ils s’arrêtent à la distance d’environ quinze stades. Aussitôt Arexion, devin des Grecs, fait un sacrifice, et les entrailles de la première victime sont favorables. Alors Xénophon : « Stratèges, dit-il, je suis d’avis de ranger des loches en corps de réserve, derrière la phalange, afin qu’ils puissent la soutenir au besoin, et que l’ennemi en désordre trouve des troupes fraîches et formées. » Tous les stratèges sont de la même opinion. « Menons donc, dit-il, l’année droit à l’ennemi : ne restons pas là, puisque nous voyons l’ennemi et qu’il nous voit. Je vous joindrai, dès que j’aurai formé les loches derrière la phalange, comme vous l’ayez décidé. »

On s’avance au petit pas. Xénophon, prenant les trois derniers rangs, d’environ deux cents hommes chacun, en envoie un tiers vers la droite, pour suivre à la distance d’un plèthre : Samolas d’Achaïe était à la tête de cette division ; le second tiers a l’ordre de marcher à distance derrière les centres : il était commandé par Pyrrhias d’Arcadie ; le dernier tiers est