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vous ferons la guerre à tous. Nous nous sommes déjà essayés contre des forces bien supérieures aux vôtres ; mais, de plus, si nous voulons, nous aurons le Paphlagonien Cour ami. Nous savons qu’il désire s’emparer de votre ville et de vos places maritimes. Nous essayerons donc, devenus ses amis, d’agir de concert avec lui dans ce qu’il médite. »

On voit clairement que les collègues d’ambassade d’Hécatonyme sont fort mécontents de son discours. L’un d’eux s’avance, et dit qu’ils ne sont pas venus déclarer la guerre, mais prouver qu’ils sont amis. « C’est par des présents hospitaliers que nous vous accueillerons, si vous venez à Sinope. Pour l’instant, nous allons ordonner aux gens de ce pays de vous fournir ce qui dépend d’eux ; car nous voyons que tout ce que vous dites est vrai. » Bientôt après, les Cotyorites envoient des présents d’hospitalité ; de leur côté, les stratèges grecs font aux envoyés de Sinope un accueil hospitalier ; ils ont ensemble une longue conférence sur leurs affaires respectives, notamment sur le reste de la route à faire et sur les services réciproques qui peuvent être rendus.


CHAPITRE VI.


Sur le conseil d’Hécatonyme, on se décide à prendre la route de mer.


Telle fut la fin de cette journée. Le lendemain, les stratèges convoquent les soldats, et jugent convenable de délibérer sur la route à suivre, en prenant conseil des Sinopéens. S’il fallait aller par terre, il paraissait utile d’avoir des Sinopéens pour guides, attendu qu’ils connaissaient la Paphlagonie ; si l’on voulait aller par mer, il fallait encore recourir aux Sinopéens : seuls, en effet, ils paraissaient en état de fournir la quantité de bâtiments nécessaires à l’armée. On appelle donc les députés aux délibérations, et on leur expose qu’en qualité de Grecs, le premier service à rendre à des Grecs, c’est de leur témoigner de la bienveillance et de leur donner le meilleur conseil.

Hécatonyme se lève, et commence par une apologie de ce qu’il avait dit au sujet de l’alliance avec les Paphlagoniens : il n’avait pas voulu dire qu’on ferait avec eux la guerre aux Grecs, mais que, pouvant avoir les barbares pour amis, on pré-