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introduction.

V

Le désir de ne rien omettre de ce qui porte le nom de Xénophon dans une traduction de ses Œuvres complètes, nous a engagé à y donner place aux Lettres qui lui sont attribuées. Il n’est pas douteux toutefois qu’elles ne soient apocryphes. On sait que les sophistes et les rhéteurs avaient l’habitude de donner à composer des lettres à leurs élèves sous le nom d’écrivains ou de personnages illustres : c’était un exercice d’école. Telles sont les lettres du Scythe Anacharsis, de Thémistocle, de Pythagore, de Socrate, de Platon, de Démosthène, de Diogène, d’Eschine, de Phalaris. Celles de Xénophon n’ont pas plus que les précédentes le caractère de l’authenticité. Cependant, comme elles ont été composées, selon toute apparence, à une époque où les traditions et les légendes relatives à l’écrivain dont elles empruntent le nom et le style se trouvaient plus récentes, plus voisines de son temps, elles peuvent offrir un certain intérêt pour l’histoire de la philosophie ou de la littérature. Ainsi, les lettres de Xénophon contiennent des allusions à la vie qu’il menait dans son exil, au peu de sympathie qu’il éprouvait, dit-on, pour Platon et pour ceux des disciples de Socrate qui altéraient, selon lui, la pureté des doctrines du maître, ou qui compromettaient leur dignité à la table des tyrans de Sicile. Elles nous donnent quelques détails sur la situation présumée de la famille de Socrate après la mort du grand philosophe. Enfin, deux d’entre elles sont une sorte de commentaire à la parole que Xénophon prononça, selon Diogène de Laërte, à la nouvelle de la mort de son fils. Il y a plus : on y trouve quelques phrases, qui ne manquent ni de justesse dans les idées ni d’élégance dans le style ; en sorte qu’elles ne sont point indignes de la réputation de l’éminent écrivain par lequel on prétend qu’elles ont été écrites.

Tel est l’ensemble des œuvres de Xénophon. Tour à tour