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une excuse suffisante. » Que ressort-il de ce passage ? C’est que Socrate avait médité cette question des revenus et du rapport des mines ; c’est qu’il en causait avec ses amis, avec ses disciples, avec Xénophon. Or, comme Socrate n’écrivait jamais et que Xénophon écrivait toujours la totalité, ou tout au moins le sommaire des causeries de son maître, pourquoi, afin de ne pas être pris à son tour au dépourvu, comme cet écervelé de Glaucon, sur des questions d’une aussi grave importance, n’aurait-il pas immédiatement rédigé en forme de livre les idées qu’il tenait de Socrate ? Pourquoi, surtout, aurait-il attendu soixante-six ans avant de les formuler ?

Enfin, loin de respirer, comme le Gouvernement des Athéniens, une colère sourde contre la démocratie athénienne, le traité des Revenus est plein de patriotisme et de conseils qui tendent sincèrement à l’accroissement de la richesse nationale. Peut-on croire que Xénophon, qui refusa de rentrer dans sa patrie, après qu’on eut révoqué l’arrêt de son bannissement, se soit montré tout à coup si dévoué aux intérêts de son pays et qu’il ait fait un dernier appel aux forces de son intelligence, pour envoyer en toute hâte aux Athéniens un remède efficace contre l’imminence de leur ruine ?

Quoi qu’il en soit, le traité des Revenus offre à tous ceux qui s’intéressent aux questions économiques et financières des documents d’un très-grand prix. Comme pour répondre à l’une des demandes adressées par Socrate à Glaucon, Xénophon dit au début de son ouvrage : « Je me suis proposé d’examiner par quels moyens les citoyens pourraient subsister des ressources de leur propre pays, persuadé que, si ce projet réussissait, on mettrait un terme à leur pauvreté et aux soupçons des Grecs ; et, en réfléchissant à l’objet que j’avais dans l’esprit, il m’a tout d’abord paru que notre pays est fait pour donner de forts revenus. » Cela posé, il parle en premier lieu du sol et du climat de l’Attique, qui abonde en produits de toute espèce, capables de nourrir non-seulement les habitants actuels, mais les étrangers qui voudraient y élire domicile. Augmenter le