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leur lance du haut des portiques, de la salle du conseil et du grand temple, tandis qu’ils combattent sur un terrain plat, ils perdent plusieurs hommes, et entre autres Stratolas lui-même, chef des Trois cents.

Après cette action, ils se retirent dans leur camp. Cependant les Arcadiens et leurs alliés sont tellement effrayés pour le jour suivant, qu’ils ne se donnent plus aucun repos de toute la nuit, mais qu’ils renversent les baraques élevées à grand’peine et se retranchent. Quant aux Éléens, lorsque, le lendemain, ils s’approchent et voient une forte palissade et une grande foule montée sur les temples, ils se retirent dans leur ville. La bravoure qu’ils déployèrent fut telle, qu’un dieu seul pouvait l’avoir inspirée et l’avoir fait éclater en un seul jour ; il ne serait pas au pouvoir des hommes, même dans un long espace de temps, de rendre aussi valeureux des gens privés de valeur.

Les archontes de l’Arcadie ayant usé des deniers sacrés pour l’entretien des Éparites, les Mantinéens les premiers défendirent par un décret qu’on touchât aux deniers sacrés. Ils se sauvent dans leur ville et envoient aux archontes la part qu’ils avaient à payer pour les Éparites. Mais les chefs arcadiens, prétendant que les archontes de Mantinée attentent à la confédération acadienne, les citent devant les Dix mille. Ils refusent de comparaître ; alors on prononce leur sentence et l’on envoie les Éparites chargés de ramener les condamnés. Mais les Mantinéens ferment leurs portes et ne les admettent point dans leurs murs. Là-dessus, il s’élève bientôt d’autres voix dans les Dix mille pour dire qu’il ne faut pas toucher aux deniers sacrés, ni léguer pour l’éternité à leurs descendants ce crime envers les dieux. Ainsi, dès qu’il a été décrété dans l’assemblée commune qu’on ne toucherait plus aux deniers sacrés, ceux des Éparites qui ne peuvent pas servir sans solde se retirent, tandis que ceux qui en ont les moyens s’exhortent mutuellement et s’enrôlent dans les Éparites, afin de n’être plus sous la dépendance de ces gens-là, mais les tenir sous la leur. Les chefs arcadiens, qui avaient manié l’argent sacré, sentant bien qu’obligés d’en rendre compte, ils ont grande peur chacun d’être pendus, envoient à Thèbes annoncer aux Thébains que, s’ils ne se mettent en campagne, ils courent le risque de voir les Arcadiens retourner aux Lacédémoniens. Les Thébains se préparent donc à marcher. Mais ceux qui se préoccupent sincèrement des vrais intérêts