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la lutte et les resserrent sur un petit espace. Dans le même moment, les Arcadiens et les Argiens entourent la ville, vers le haut de laquelle ils se mettent à saper le mur de l’acropole. Alors les gens de l’intérieur[1] frappent d’un côté ceux qui sont sur le mur, et de l’autre ceux qui sur les échelles essayent d’escalader, tandis que d’autres sont aux prises avec ceux qui étaient montés sur les tours : ayant trouvé du feu dans les tentes, ils les incendient, et rapportent pour ce dessein des gerbes qui se trouvaient avoir été moissonnées dans l’acropole même. Alors ceux qui étaient sur les tours sautent en bas dans la crainte des flammes, et ceux qui se trouvaient sur la muraille tombent sous les coups des citoyens. Toutefois, dès qu’ils ont commencé à céder, toute l’acropole est bientôt vide d’ennemis. La cavalerie fait aussitôt une sortie. Les ennemis, en la voyant, se retirent, abandonnant leurs échelles et leurs morts, ainsi que quelques vivants estropiés. Ils ne perdirent pas moins de quatre-vingts hommes, en comptant ceux qui périrent en combattant dans l’intérieur de l’acropole, ainsi que ceux qui s’élancèrent au dehors. Alors on put voir les hommes s’embrasser en se félicitant de leur délivrance, et les femmes leur apporter à boire en versant des larmes de joie : il fallait voir tous les assistants pleurer vraiment et rire tout ensemble.

L’année suivante, les Argiens et tous les Arcadiens envahissent encore Phlionte. La cause de ces attaques continuelles contre les Phliasiens était à la fois leur colère contre la position de cette ville située entre leurs deux frontières, et l’espérance où ils étaient toujours que le manque de vivres la leur livrerait. Mais dans cette invasion les cavaliers et les troupes d’élite des Phliasiens, réunis aux cavaliers athéniens qui se trouvaient présents, fondent sur l’ennemi au moment où il passait le fleuve[2], le défont et le forcent à se retirer pour le reste du jour sur les montagnes, comme s’il craignait dans la plaine de fouler aux pieds des récoltes amies.

Une autre fois, une expédition est dirigée contre Phlionte par le commandant thébain de Sicyone, à la tête de sa garnison et des troupes sicyoniennes et pelléniennes. En effet, ils obéissaient déjà aux Thébains. Euphron se met aussi de l’expédition avec son corps de mercenaires, deux mille hommes environ. Ils descendent tous par Tricaranum, sur le temple de

  1. Les Phliasiens.
  2. On ne sait quel pouvait être ce cours d’eau.