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CHAPITRE II.


Phlionte[1] ; sa bravoure, sa fidélité envers ses alliés.


(Avant J. C. 371, 370, 369, 368, 367, 366.)


Les choses en étaient là, et les Argiens avaient déjà fortifié contre Phlionte le fort de Tricaranum, au-dessus du temple de Junon, lorsque les Sicyoniens entourèrent aussi de murs Thyamia, sur la frontière des Phliasiens. Ceux-ci sont donc vivement pressés et privés de vivres. Cependant, ils n’en persévèrent pas moins dans la fidélité de leur alliance. Quand les grandes villes font quelque action glorieuse, tous les historiens la mentionnent. Mais pour moi, il me semble que lorsqu’une ville, si petite qu’elle soit, se signale par un grand nombre de belles actions, elle mérite encore plus qu’on les fasse connaître. Les Phliasiens étaient donc amis des Lacédémoniens, quand ceux-ci étaient au comble de la prospérité. Mais après leur revers à la bataille de Leuctres, malgré la révolte de beaucoup de périèques et celle de tous les hilotes, malgré même la désertion de presque tous les alliés, quand tous les Grecs les abandonnaient, ils leur restèrent fidèles, et, quoiqu’ils eussent pour ennemis les peuples les plus puissants du Péloponèse, les Arcadiens et les Argiens, ils vinrent les secourir. Désignés par le sort pour passer à Prasies[2], comme dernier corps des auxiliaires, qui étaient les Corinthiens, les Épidauriens, les Trézéniens, les Hermioniens, les Haliens, les Sicyoniens et les Pelléniens, non-seulement ils ne trahirent pas ; mais, abandonnés par le commandant, qui partit à la tête de ceux qui avaient traversé les premiers, ils ne se laissèrent point rebuter, mais ils prirent à leurs frais un guide de Prasies, à cause de la présence des ennemis à Amyclées, et parvinrent, autant que possible, à se frayer un chemin jusqu’à Sparte. Aussi les Lacédémoniens leur donnèrent-ils différentes marques d’honneur, et leur envoyèrent un bœuf en présent d’hospitalité.

Quand les ennemis se furent retirés de Lacédémone et que les Argiens, irrités du zèle des Phliasiens pour les Lacédé-

  1. Capitale de la Phliasie, près des sources de l’Asopus.
  2. Ville forte du littoral de la Laconie.