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Tandis que chacun des alliés s’exagère ainsi son importance, Philiscus d’Abydos arrive, porteur de grandes sommes fournies par Ariobarzane. Il rassemble d’abord à Delphes les Thébains, leurs alliés et les Lacédémoniens, pour traiter de la paix. Une fois réunis, ils ne consultent point le dieu sur la manière dont la paix peut être faite, et délibèrent pour leur compte ; mais, comme les Thébains refusent de consentir à ce que Messène soit assujettie aux Lacédémoniens, Philiscus lève de nombreux mercenaires, afin de faire la guerre de concert avec les Lacédémoniens.

Pendant ce temps arrivent les seconds secours envoyés par Denys. Les Athéniens prétendent qu’il faut les envoyer en Thessalie contre les Thébains ; les Lacédémoniens, au contraire, en Laconie, et ce dernier avis prévaut chez les alliés. Quand l’escadre de Denys est arrivée en Laconie, Archidamas en joint les soldats aux troupes de Sparte et entre en campagne. Il enlève Caryes d’assaut, et y égorge tous ceux qu’il prend vivants. De là il marche à la tête de ses troupes directement contre les Parrhasiens d’Arcadie, et ravage leur pays ; mais, à l’approche des Arcadiens et des Argiens, il bat en retraite et vient se camper sur les collines près de Midéa[1].

Il se trouvait en cet endroit lorsque Cissidas, commandant des secours envoyés par Denys, déclare que le temps qu’il lui avait été prescrit de rester est écoulé ; ce que disant il repart pour Sparte. Mais à peine s’est-il séparé de l’armée, qu’il est arrêté par les Messéniens dans un défilé. Il envoie alors demander à Archidamas de venir à son secours : et Archidamas, malgré tout, lui vient en aide. Quand il est arrivé au tournant qui mène chez les Eutrésiens, les Arcadiens et les Argiens s’avancent vers la Laconie afin de lui couper le chemin de Sparte ; mais Archidamas descend dans un endroit plat, au carrefour des routes d’Eutrésie et de Midéa, et il y range son armée en bataille. Il passe, dit-on, devant les loches, et les exhorte en ces termes : « Citoyens, qu’aujourd’hui notre bravoure nous donne le droit de marcher la tête haute. Remettons à nos descendants notre patrie telle que nous l’avons reçue de nos pères. Cessons d’avoir à rougir devant nos enfants, nos femmes, les vieillards et les étrangers, qui jadis avaient les yeux sur nous plus que sur tous les Grecs. » Il achevait, lorsque, au milieu d’un ciel pur, on voit, dit-on, des éclairs ac-

  1. Ville de l’Argolide.