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phisodote, une égalité plus parfaite que si chacun commande à son tour la flotte et l’armée de terre, et si vous participez, vous, aux avantages que peut offrir le commandement sur mer, et nous à ceux que peut offrir le commandement sur terre ? »

En entendant ces paroles, les Athéniens changent de visée et décrètent que chacun des deux États aura le commandement pendant cinq jours.

Les troupes des deux États et leurs alliés s’étant rendus à Corinthe, on convient de garder en commun le mont Onée ; puis, quand arrivent les Thébains et leurs alliés, on se range pour garder, les uns ce passage du mont Onée, les autres cet autre : les Lacédémoniens et les Pelléniens se placent à l’endroit le plus exposé. Lorsque les Thébains et leurs alliés ne sont plus qu’à trente stades de ces portes, ils se campent dans la plaine. Calculant alors le temps qu’ils croient nécessaire pour franchir cette distance, ils marchent dès l’aube contre le poste des Lacédémoniens : leur calcul ne les trompe point ; ils tombent sur les Lacédémoniens et les Pelléniens, au moment où l’on venait de relever les gardes de nuit, et où les soldats se levaient de leur lit pour aller où chacun avait affaire. Les Thébains, s’élançant préparés en bon ordre, taillent en pièces ces gens pris au dépourvu et en désordre. Comme ceux qui s’échappèrent de cette affaire s’étaient réfugiés sur la colline la plus proche, le polémarque des Lacédémoniens avait encore pu conserver sa position en prenant avec lui autant d’hoplites et de peltastes des alliés qu’il aurait voulu ; il lui était facile de faire venir en toute sûreté les approvisionnements de Cenchrées. Il ne le fit point ; mais, tandis que les Thébains sont tout à fait embarrassés sur la manière dont ils descendront du côté de Sicyone, ou retourneront sur leurs pas, il fait une trêve que la plupart regardent comme plus avantageuse pour les Thébains que pour les siens ; après quoi il se retire et emmène ses troupes.

Les Thébains descendent en toute sûreté, se réunissent à leurs alliés acadiens, argiens et éléens, et commencent par attaquer Sicyone et Pellène ; puis ils marchent sur Épidaure et en ravagent tout le territoire. Ils se retirent ensuite sans se préoccuper des ennemis, et, quand ils sont près de la ville de Corinthe, ils s’élancent au pas de course vers la pente qui mène à Phlionte, afin de s’y précipiter s’ils la trouvent ouverte. Mais quelques troupes légères de la ville se portent en armes à la rencontre des soldats d’élite des Thébains, qui n’étaient