Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/603

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cela : ils laissent leurs armes et courent piller les habitations. Trois ou quatre jours après, la cavalerie s’avance en bon ordre jusqu’à l’hippodrome, vers le temple de Géochus[1]. C’étaient tous les Thébains, les Éléens, et ce qu’il y avait de cavaliers phocéens, thessaliens et locriens. Vis-à-vis était rangée la cavalerie des Lacédémoniens, qui paraissait peu nombreuse. Mais ils avaient placé dans la maison des Tyndarides[2] une embuscade des plus jeunes hoplites, environ trois cents, qui s’élance sur l’ennemi au moment où la cavalerie charge. Celle-ci ne soutient pas le choc, et plie. À cette vue un grand nombre de fantassins prennent aussi la fuite. Cependant, quand la poursuite a cessé et que l’armée thébaine s’est arrêtée, on se rétablit dans le camp. On commence à espérer avec plus de confiance qu’ils n’attaqueront point la ville. Et en effet, l’armée, levant le camp, prend la route d’Hélos et de Gythium, et brûle les villes non fortifiées : pendant trois jours entiers elle fait le siége de Gythium, où se trouvaient les chantiers des Lacédémoniens. Il y eut un certain nombre de périèques qui se joignirent à l’attaque et continuèrent la campagne avec les Thébains.

Au récit de ces faits, les Athéniens sont en peine de ce qu’ils doivent faire à l’égard des Lacédémoniens et tiennent une assemblée par décision du conseil. Il s’y trouvait présents des députés des Lacédémoniens et des alliés, qui leur étaient encore fidèles. Les Lacédémoniens Aratus, Ocyllus, Pharax, Étymoclès et Olonthée, tiennent tous à peu près le même langage. Ils rappellent aux Athéniens que toujours, dans les grandes occasions, ils se sont soutenus mutuellement pour leur bien. Ce sont eux en effet, disent-ils, qui ont chassé les tyrans d’Athènes, tandis que les Athéniens les ont secourus avec vigueur, quand ils étaient assiégés par les Messéniens. Ils énumèrent aussi les avantages qu’ils ont recueillis toutes les fois qu’ils ont agi en commun ; ils rappellent la manière dont ils ont ensemble combattu le barbare, et leur remettent en mémoire comment, du consentement des Lacédémoniens, les Athéniens ont été choisis pour chefs de la flotte et gardiens du trésor commun[3] ; comment encore, du consentement des Athéniens, les Lacédémoniens eux-mêmes ont été unanimement proclamés

  1. C’est-à-dire qui entoure la terre, surnom de Neptune.
  2. Castor et Pollux.
  3. Voy. Cornélius Népos, Aristide, iii.