Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/60

Cette page a été validée par deux contributeurs.

communauté de biens supposant celle d’un peuple esclave, si les Spartiates avaient de la vertu, c’était comme les voleurs de grand chemin, comme les inquisiteurs, comme toutes les classes d’hommes que l’habitude a familiarisés avec une espèce de crimes, au point de les commettre sans remords. » Ainsi Sparte, avec ses repas en commun, sa mise en commun de femmes, d’enfants, d’esclaves, de chiens, de chevaux et de vivres, avec sa forte discipline militaire, mais avec ses lois qui interdisent toute profession libérale et artistique, qui tuent tout sentiment affectueux et tendre, n’est, à nos yeux, qu’une machine à conquête et à rapine, dont les rouages et les ressorts sont habilement agencés pour détruire ou pour absorber à son profit ; mais ce n’est pas une cité, encore moins une nation. Ma vive et respectueuse sympathie pour Xénophon ne le suit plus au delà des frontières de la Laconie.

Le traité intitulé Gouvernement des Athéniens, dont plusieurs parties offrent de la ressemblance avec quelques passages de la Politique d’Aristote, nous ramène à des institutions plus humaines, ce qui ne veut pas dire parfaites, mais du moins plus possibles que celles de Sparte. Le grammairien Démétrius de Magnésie, l’ami d’Atticus, doutait de l’authenticité de ce traité ; la critique savante, la sagacité éclairée de Bœckh et de Weiske ont restitué cet opuscule à Xénophon. Seulement, il est difficile de croire que son ouvrage, tel qu’il nous est parvenu, ne soit point une satire rédigée contre Athènes, lorsqu’il était banni de son pays et qu’il trouvait sur le territoire de Sparte un accueil qui justifiait son affection pour la rivale de sa pairie. Telle est l’opinion de Weiske, et l’on ne peut douter, en lisant la dissertation qui la confirme, que cette œuvre, singulièrement défigurée, ne présente des lacunes, sinon des mutilations, qui en ont altéré le caractère et la rédaction primitive.

En voici une rapide analyse. Après avoir esquissé d’un trait général le système du gouvernement d’Athènes, l’auteur blâme les Athéniens de leurs préventions injustes, de leur méchanceté envers leurs alliés, de leur faiblesse avec