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comme du vôtre, c’est ce que je ne crois pas pouvoir prétendre. Cependant je ne pense pas qu’on ne doive plus jamais avoir aucun rapport avec ceux qui ont commis une faute ; car je crois qu’il n’y a pas un seul homme qui passe sa vie sans en commettre. Or, les hommes qui ont commis, des fautes me semblent devenir quelquefois plus sages, surtout lorsqu’ils ont été punis par ces fautes mêmes, comme nous l’avons été. Je vois que vous aussi vous vous êtes attiré quelquefois bien des revers par vos actions inconsidérées, parmi lesquelles il faut compter l’occupation et de la Cadmée[1] et de Thèbes. Maintenant donc, après tous les soins que vous avez pris pour assurer l’indépendance aux villes, elles sont toutes retombées au pouvoir des Thébains, lorsque ceux-ci eurent souffert cette injustice. Aussi j’espère que vous aurez appris que l’ambition n’est d’aucun profit, et que vous serez de nouveau modérés dans votre amitié réciproque.

« Quant aux bruits calomnieux de certaines gens qui voulant empêcher la paix, disent que, si nous venons, ce n’est point que nous souhaitions votre alliance, mais parce que nous craignons qu’Antalcidas ne revienne avec de l’argent du roi, songez combien ce sont là des bavardages. En effet, le roi a positivement décrété l’indépendance de toutes les villes de la Grèce. Nous donc qui parlons et agissons tous dans le même sens, qu’aurions-nous à craindre du roi ? Quelqu’un croira-t-il qu’il préfère dépenser de l’argent pour en rendre d’autres puissants, lorsqu’il voit s’accomplir sans frais ce qu’il a reconnu pour le plus avantageux ? Mais soit. Pourquoi venons-nous ? Vous comprendrez que ce n’est pas à cause de nos embarras si vous voulez jeter les yeux sur la situation des affaires, tant sur mer que sur terre, dans le moment présent. Qu’est-ce donc ? C’est évidemment que quelques-uns de nos alliés se conduisent d’une manière qui nous est aussi peu agréable qu’à vous. Nous voudrions également, pour reconnaître que nous vous devons notre salut, vous communiquer les idées justes que nous avons. Pour aborder aussi la question d’intérêt, je vous rappellerai que toutes les villes sont les unes de votre parti, les autres du nôtre, et que, dans chaque État, les uns sont pour les Lacédémoniens, les autres pour les Athéniens. Si donc nous étions amis, de quel côté pourrions-nous raisonnablement redouter quelque danger ? Sur terre, vous étant nos amis, qui serait en

  1. Citadelle dont on attribuait la fondation à Cadmus.