Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/576

Cette page a été validée par deux contributeurs.

travail naissent les douceurs : quant à lui, c’est le plus tempérant que je connaisse à l’égard des plaisirs des sens ; aussi ne leur donne-t-il jamais le temps nécessaire aux affaires. Réfléchissez donc, et dites-moi, comme il convient de votre part, ce que vous pouvez et ce que vous comptez faire. »

Tel est son discours. Les Lacédémoniens ajournent pour le moment leur réponse ; mais, après avoir consacré le lendemain et le jour suivant à réfléchir à la quantité de mores déjà hors du pays, au nombre de troupes qu’ils entretiennent sur les côtes de la Laconie contre les croisières des trirèmes athéniennes, et à la guerre qu’ils ont sur les frontières, ils répondent que, dans les circonstances présentes, ils ne peuvent lui envoyer de secours suffisants, et l’engagent à aller arranger ses affaires de la manière la plus favorable à ses intérêts et à ceux de sa patrie. Polydamas part en louant la franchise de la ville ; il prie Jason de ne pas le contraindre à leur livrer l’Acropole de Pharsale, afin qu’il la conserve à ceux qui la lui ont confiée ; mais il lui donne en otage ses propres enfants, et lui promet d’amener la ville à entrer d’elle-même dans son alliance, et de l’aider à se faire proclamer chef absolu. Lorsqu’ils se sont donné des gages réciproques de fidélité, les Pharsaliens font aussitôt la paix, et Jason est en peu de temps reconnu unanimement chef absolu des Mégariens. Devenu chef, il fixe le nombre de cavaliers et d’hoplites que chaque ville est en état de fournir, et il a, par ce moyen, plus de huit mille hommes de cavalerie, en comptant celle des alliés : on élève jusqu’à vingt mille le nombre de ses hoplites, et son corps de peltastes était en état de faire face au monde entier ; car ce serait toute une affaire d’énumérer seulement les villes qui les fournissaient. Il ordonne aussi à tous les périèques de payer le tribut fixé sous la domination de Scopas. Telle fut l’issue de ces événements. Je reviens maintenant au récit que j’avais quitté pour parler de Jason.