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CHAPITRE IV.


Les Lacédémoniens sont chassés de Thèbes. — Campagne inutile de Cléombrote. — Sphodrias envahit l’Attique. — Les Athéniens prennent fait et cause pour les Thébains. — Expédition d’Agésilas ; déroute de Phébidas. — Troisième expédition d’Agésilas. — Il tombe malade. — Cléombrote ne peut passer le Cithéron. — Les Lacédémoniens assiègent Athènes ; ils sont battus par Chabrias. — Timothée bat le navarque Nicolochus.
(Avant J. C. 379, 378, 377, 376.)


On pourrait citer dans l’histoire des Grecs et dans celle des barbares nombre de faits, qui prouvent que les dieux tiennent compte des hommes religieux et des impies[1]. Mais je ne dirai que ce qui rentre dans mon sujet. En effet, les Lacédémoniens, qui avaient juré de garantir l’indépendance des villes, et qui, malgré cela, s’étaient emparés de l’Acropole de Thèbes, furent châtiés uniquement par les victimes de leurs injustices, eux qui jusqu’alors n’avaient été soumis par aucun homme, et il suffit de sept exilés pour faire tomber la puissance des citoyens qui les avaient introduits dans l’Acropole et avaient voulu asservir leur patrie aux Lacédémoniens, afin de pouvoir eux-mêmes exercer la tyrannie. Je vais dire comment la chose se passa.

Il y avait un nommé Phyllidas, qui exerçait les fonctions de secrétaire auprès d’Archias et des autres polémarques, et qui, en apparence, leur avait rendu d’excellents services. Cet homme, étant venu à Athènes pour quelques affaires, rencontra Mélon, homme déjà connu et faisant partie des réfugiés thébains. Celui-ci, informé par Phyllidas de la tyrannie exercée par le polémarque Archias et par Philippe, comprend que l’état de la patrie est encore plus odieux à Phyllidas qu’à lui-même. Ils se donnent donc des gages réciproques de leur fidélité et se

  1. On aime à voir le dogme de la Providence divine veillant sur les affaires humaines, servir de guide moral et philosophique aux récits de Xénophon. Aucun des éminents esprits de l’antiquité, après avoir étudié l’histoire, ne s’est mépris sur l’enchaînement des événements qui en composent le texte et qui font la leçon aux hommes. Ainsi les grandes idées de Bossuet, de Vico et de Herder, ont déjà leurs racines dans l’antiquité païenne, et le christianisme, qui en a développé si admirablement le germe, a pu trouver les âmes préparées à recevoir ces utiles enseignements.