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retourner dans leur patrie : ils restent, au contraire, et informent les Lacédémoniens que ceux qui commettaient ces violences sont les mêmes hommes qui les ont exilés et ont fermé les portes aux troupes de Lacédémone ; que ce sont eux qui ont acheté leurs biens et emploient la violence pour les garder, et qui enfin viennent maintenant de trouver moyen de les faire punir, pour s’être rendus à Lacédémone, afin qu’à l’avenir personne n’ose plus venir dévoiler ce qui se passe dans la ville.

Les Phliasiens paraissant réellement commettre des injustices, les Éphores leur déclarent la guerre. Agésilas n’en est point fâché. En effet la famille de Podanémus, maintenant exilé, était liée d’hospitalité avec son père Archidamus, et lui-même l’était avec la famille de Proclès, fils d’Hipponicus. Les sacrifices du départ une fois achevés, il marche aussitôt, bien que plusieurs députations viennent à sa rencontre et que des sommes lui soient offertes pour prévenir l’invasion. Il répond qu’il ne vient pas pour commettre des injustices, mais pour secourir ceux qui en sont victimes. À la fin, les Phliasiens disent qu’ils sont prêts à tout faire, et le prient de ne point les envahir. Il leur répond alors qu’il ne peut pas se fier à des paroles, puisqu’ils ont trompé jadis, mais qu’il faut une garantie effective. Ils lui demandent quelle peut être cette garantie. « La même que vous avez donnée autrefois, dit-il, sans que vous en ayez reçu de nous aucun préjudice : c’est de nous livrer l’Acropole. » Ils refusent. Il envahit aussitôt le pays, environne leur ville d’un mur et les assiége. Cependant un grand nombre de Lacédémoniens répètent que pour plusieurs personnes on s’aliène une ville de plus de cinq mille âmes ; et, de fait, comme pour rendre la chose plus frappante, les Phliasiens tenaient leurs assemblées en vue de ceux du dehors. Agésilas imagine donc ce moyen de parer ce reproche. Toutes les fois qu’il sort des gens de la ville, attirés soit par leur amitié, soit par leur parenté avec les exilés, il les engage à former des repas en commun, et fait fournir des moyens de subsistance suffisants à tous ceux qui veulent prendre part aux exercices. Il veut aussi qu’on leur donne à tous des armes, et qu’on ne recule pour cela devant aucune dépense. Ses ordres sont exécutés, et il se forme ainsi un corps de plus de mille hommes qui se distinguent par leur vigueur, leur bonne discipline et la supériorité de leur armement. En sorte qu’à la fin, les Lacédémoniens déclarent qu’ils ne peuvent que désirer de pareils compagnons d’armes.