Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/547

Cette page a été validée par deux contributeurs.

personne ne nous vient en aide, nous serons aussi forcés de nous joindre à eux. Or, ils ont déjà plus de huit mille peltastes, et, si nous réunissons nos forces aux leurs, ils auront plus de mille hommes de cavalerie. Nous avons aussi laissé là-bas des députés athéniens et béotiens, et nous avons entendu dire que les Olynthiens avaient également décrété d’envoyer des députés dans ces États, pour négocier une alliance. Si une pareille force vient s’ajouter à celle des Athéniens et des Thébains, voyez, continue-t-il, quelle puissance invincible acquerront vos ennemis. Ils ont déjà Potidée, sur l’isthme de Pallène ; songez qu’ils auront bientôt soumis toutes les villes en deçà. Une preuve de la terreur que ces faits inspirent à toutes ces villes, la voici : malgré la haine qu’elles ont contre les Olynthiens, elles n’ont cependant pas dû envoyer des députés avec nous pour nous informer de tout cela.

« Réfléchissez encore à une chose : est-il conséquent, après avoir veillé à ce que les villes de Béotie ne soient pas réunies sous un seul chef, de laisser maintenant se former une puissance beaucoup plus grande et qui menace de s’augmenter non-seulement sur terre, mais aussi sur mer ? Quel obstacle en effet trouverait-elle dans un pays qui possède des bois de construction, des revenus considérables dans plusieurs marchés, et une population nombreuse, favorisée par la fertilité du sol ? Ce pays a, en outre, pour voisins ceux des Thraces qui ne sont soumis à aucun roi, et qui déjà maintenant se montrent pleins de courtoisie envers les Olynthiens. Si ce peuple aussi tombait sous leur domination, ils se renforceraient encore d’une grande puissance. Les Thraces une fois à leur suite, les mines d’or du Pangée leur tendent la main. Il n’est rien de ce que nous avançons ici qui n’ait été répété mille et mille fois dans l’assemblée du peuple des Olynthiens. Mais qui pourrait dire leurs prétentions ? La divinité, en effet, a sans doute voulu que les prétentions des hommes s’accrussent en même temps que leur puissance.

« Nous venons donc, Lacédémoniens et alliés, vous annoncer que les choses en sont à ce point là-bas : à vous maintenant de délibérer si vous les croyez dignes d’attention. Il faut pourtant que vous sachiez ceci, c’est que la puissance que nous vous avons dite si grande n’est point encore inattaquable : les villes, en effet, auxquelles on a imposé un gouvernement qu’elles détestent, s’en détacheront, dès qu’elles verront se former un parti opposé. Mais si on leur laisse le temps de