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Pont de retourner à Athènes, et les force à se réfugier chez leurs alliés.

Les Athéniens, en voyant la force de la flotte ennemie, craignent que cette guerre ne se termine pour eux aussi mal que la précédente, maintenant que le roi est devenu l’allié des Lacédémoniens ; ils étaient d’ailleurs obsédés par les corsaires d’Égine : aussi désiraient-ils vivement la paix. Les Lacédémoniens, qui avaient une armée au Léchéum et une à Orchomène, et qui étaient obligés de garder certaines villes, les unes dont ils n’étaient pas sûrs, afin de ne pas les perdre ; les autres dont ils se défiaient, pour les empêcher de passer aux ennemis, ayant d’ailleurs à supporter à Corinthe toutes les chances de la guerre, se sentaient aussi fatigués de cette lutte. Quant aux Argiens, voyant qu’une expédition était décrétée contre eux, et sachant par expérience que le prétexte des mois sacrés ne leur servait plus de rien, ils étaient également portés pour la paix. Lors donc que Tiribaze fit engager ceux qui désiraient savoir les conditions de la paix proposée par le roi, à se rendre auprès de lui, tous s’y rendirent avec empressement. Dès qu’ils sont réunis, Tiribaze, leur ayant montré le cachet du roi, leur lit ce qui était écrit ; en voici la teneur :

« Le roi Artaxercès regarde comme juste que les villes situées en Asie, ainsi que les îles de Clazomène et de Cypre, soient sa propriété, mais que toutes les autres villes grecques, petites et grandes, soient toutes rendues indépendantes, à l’exception de Lemnos, Imbros et Scyros : ces dernières, comme par le passé, seront aux Athéniens. Tous ceux qui n’accepteront point cette paix, je leur ferai la guerre avec ceux qui l’acceptent, et cela sur terre et sur mer, n’épargnant ni vaisseaux ni argent. »

Les députés des villes, après avoir entendu ces conditions, les font connaître à leurs États respectifs. Tous[1] jurent de les observer ; mais les Thébains ayant prétendu jurer pour toute la Béotie, Agésilas refuse de recevoir leurs serments, s’ils ne jurent, comme le portaient les lettres du roi, que toutes les villes, grandes et petites, seraient indépendantes. Les députés thébains déclarent alors que ce n’est point dans leurs instructions. « Eh bien, leur dit Agésilas, allez le demander à votre ville, et annoncez-lui en même temps que, si elle refuse ces conditions, elle sera déclarée hors de la trêve. » Ils partent. Agésilas, en raison de sa haine pour les Thébains, ne veut pas

  1. Les Grecs d’Europe.