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lement faire peser sa vengeance sur les amis des Lacédémoniens, maîtres d’une place forte et soutenus par la présence de Téleutias et de sa flotte. D’un autre côté, il ne croit pas que les alliés des Athéniens courent le risque de succomber sous leurs ennemis, parce qu’ils possèdent les villes, qu’ils sont de beaucoup supérieurs en nombre, et qu’ils viennent de gagner une bataille. Il fait donc voile vers l’Hellespont, et, comme il n’y trouve point d’adversaires, il pense qu’il pourra rendre de grands services à sa patrie. Aussi, ayant appris d’abord que Médoce, roi des Odryses, et Seuthès, souverain du littoral étaient brouillés, il les réconcilie et en fait des amis et des alliés d’Athènes. Il espérait que, grâce à cette alliance, les villes grecques situées dans la Thrace seraient mieux disposées en faveur des Athéniens. Or, comme ces pays, ainsi que les villes grecques d’Asie, à cause de l’alliance du roi avec les Athéniens, ne lui donnaient aucune inquiétude, il se rend à Byzance et afferme la dîme prélevée sur les vaisseaux qui sortent du Pont. Il remplace aussi par la démocratie le gouvernent oligarchique des Byzantins. De cette manière, le peuple de Byzance voit avec plaisir un grand nombre d’Athéniens entrer et séjourner dans leur ville. Cela fait, il s’assure l’amitié des Chalcédoniens, puis il quitte l’Hellespont. Il trouve toutes les villes de l’île de Lesbos, sauf Mitylène, attachées au parti lacédémonien. Il ne marche pourtant contre aucune d’elles avant d’avoir rassemblé à Mitylène les quatre cents hoplites qui se trouvaient sur ses vaisseaux et tous les exilés des villes qui s’étaient réfugiés à Mitylène, auxquels il adjoint les Mityléniens les plus intrépides. Il promet aux Mityléniens que, s’il s’empare des villes, il leur donnera la prééminence sur toute l’île de Lesbos ; aux exilés, que, s’ils réunissent leurs forces contre chaque ville, ils seront par là même en état de rentrer chacun dans leur patrie ; aux épibates, que, s’ils parviennent à faire de Lesbos une amie, ils procureront ainsi à leur patrie une source d’abondantes richesses. Après les avoir animés de la sorte, il forme ses troupes et les conduit contre Mitylène.

Cependant, lorsque Thérimachus, qui s’y trouvait harmoste des Lacédémoniens, apprend l’arrivée de Thrasybule, il réunit les épibates de ses vaisseaux, les Méthymnéens eux-mêmes ainsi que tous les Mityléniens de la ville, et marche avec ses troupes sur la frontière. On livre bataille. Thérimachus est tué, ses troupes prennent la fuite et perdent beaucoup de monde. Alors plusieurs villes ouvrent leurs portes à Thrasy-