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CHAPITRE VIII.


Succès de Pharnabaze et de Conon dans les îles et les villes maritimes. — Antalcidas chez le roi de Perse. — Conon arrêté par Tiribaze. Thimbron en Asie. — Mort de Thrasybule. — Iphicrate le remplace et bat Anaxibius à Antandros.


(Avant J. C. 394, 390.)


Tels étaient sur terre les divers incidents de la guerre. Tout ce qui, dans le même temps, se passa sur mer et dans les villes maritimes, va maintenant être raconté ; seulement je n’écrirai que les actions les plus mémorables, et laisserai de côté celles qui n’ont point d’importance.

D’abord donc, Pharnabaze et Conon, après avoir battu les Lacédémoniens dans le combat naval, firent le tour des îles et des places maritimes, pour en chasser les harmostes lacédémoniens et donner aux villes l’assurance que l’on n’occuperait point leurs citadelles, mais qu’on leur laisserait l’indépendance. Les États expriment hautement la joie que leur cause cette déclaration, et envoient en reconnaissance des dons d’hospitalité à Pharnabaze. En effet, c’était Conon qui avait fait comprendre à Pharnabaze qu’en traitant ainsi les villes, il se les rendrait toutes amies, tandis que, s’il voulait ouvertement les asservir, chacune d’elles, lui disait-il, pourrait lui susciter de nombreux embarras et l’amener au risque d’une coalition des Grecs, s’ils pressentaient son dessein. Ces réflexions avaient convaincu Pharnabaze. Débarqué à Éphèse, il donne à Conon quarante trirèmes, en lui disant d’aller l’attendre à Sestos, pendant que lui-même s’en irait par terre dans sa province. En effet Dercyllidas, qui depuis longtemps était son ennemi, se trouvait à Abydos, lors de la bataille navale, et, au lieu de s’enfuir comme les autres harmostes, il s’était maintenu à Abydos et l’avait conservée fidèle aux Lacédémoniens. Il avait convoqué les Abydéniens et leur avait tenu ce langage : « Citoyens, c’est maintenant que vous pourrez, vous, les vieux amis de notre cité, vous montrer les bienfaiteurs des Lacédémoniens. Demeurer fidèles dans le bonheur, cela n’a rien de remarquable ; mais quand on demeure aussi fidèle à ceux qui sont dans le malheur, on provoque par là une éternelle reconnais-