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et l’assemblée, après avoir entendu les députés, déclarent qu’il est nécessaire de marcher avec les Achéens contre les Acarnaniens, et ils envoient Agésilas à la tête de deux bataillons lacédémoniens et du contingent des alliés ; les Achéens se réunissent à lui avec toutes leurs forces. Quand Agésilas a débarqué, tous les Acarnaniens des campagnes se retirent dans les villes, et tous les troupeaux sont conduits à une grande distance, afin qu’ils ne tombent pas aux mains de l’armée. Arrivé sur les frontières, Agésilas envoie des députés à la diète des Acarnaniens réunie à Stratos[1], déclarer que, s’ils ne renoncent à l’alliance des Béotiens et des Athéniens, et ne se réunissent aux Lacédémoniens, il ravagera leur pays d’un bout à l’autre et n’épargnera rien. Les Acarnaniens n’obéissant pas, il accomplit ses menaces, et, occupé continuellement à ravager le pays, il n’avance pas de plus de dix ou douze stades par jour. Les Acarnaniens, se croyant alors en sûreté à cause de la lenteur de la marche, font redescendre leurs troupeaux des montagnes et se mettent à cultiver la plus grande partie de leurs terres. Mais lorsque Agésilas les croit tout à fait rassurés, quinze ou seize jours après son entrée dans le pays, il part le matin après avoir sacrifié, fait une marche de cent cinquante stades, arrive le soir au bord du lac autour duquel étaient réunis presque tous les troupeaux des Acarnaniens, s’empare ainsi d’une immense quantité de bœufs, de chevaux et d’autres bestiaux de toute espèce, et fait également un grand nombre de prisonniers.

Il reste le jour suivant au même endroit, pour les vendre comme des esclaves. Cependant des peltastes acarnaniens arrivent en nombre sur la montagne au pied de laquelle Agésilas était campé, et, lançant de là des traits et des pierres sur les Lacédémoniens, tout en restant eux-mêmes hors d’atteinte, ils forcent l’armée à quitter les hauteurs et à descendre dans la plaine, bien qu’elle soit déjà occupée à préparer le souper. À la nuit, les Acarnaniens se retirent, et les soldats lacédémoniens posent des gardes et se livrent au sommeil.

Le lendemain, Agésilas met l’armée en retraite ; mais les montagnes qui entourent la vallée et la plaine où est situé le lac ne laissaient qu’un passage étroit, et les Acarnaniens, maîtres des hauteurs, lançaient de là des projectiles et des traits.

  1. Ville de l’Acarnanie à l’embouchure de l’Achéloüs.