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lescence, de poursuivre les assaillants ; mais ces troupes pesamment armées ne peuvent plus approcher des peltastes à la portée du trait, ces derniers ayant reçu l’ordre de se retirer sans attendre les hoplites. Les Lacédémoniens, ne courant pas tous avec la même vitesse, s’étaient dans la poursuite écartés les uns des autres. Lors donc qu’ils veulent revenir vers les leurs, les soldats d’Iphicrate, faisant volte-face, les accablent de nouveau de traits, les uns par derrière, les autres en prenant de côté leur flanc découvert ; les peltastes tuent donc tout d’abord dans cette première poursuite neuf ou dix Lacédémoniens, succès qui les rend déjà plus hardis. Comme les Lacédémoniens avaient eu le désavantage, le polémarque ordonne aux soldats qui, depuis quinze ans, avaient passé l’adolescence, d’attaquer de nouveau ; mais, lorsqu’ils se replient, il en tombe encore plus que la première fois. Ils avaient déjà perdu leurs meilleures troupes, lorsque la cavalerie les rejoint et tente avec eux une troisième attaque ; mais lorsque les peltastes se retirent, les cavaliers font une fausse manœuvre. En effet, au lieu de les poursuivre jusqu’à ce qu’ils en eussent tué quelques-uns, ils chargent de front avec les hoplites, s’avancent et se replient en même temps qu’eux.

Après avoir répété plusieurs fois la même manœuvre avec aussi peu de succès, ils vont s’affaiblissant toujours en nombre et en courage, tandis que les ennemis ne devenaient que plus audacieux et plus nombreux dans leurs attaques. Ne sachant que faire, ils se réunissent sur une petite colline éloignée de la mer de deux stades, et de seize ou dix-sept du Léchéum. Ceux du Léchéum, s’apercevant alors de leur situation, s’embarquent dans de petits bateaux et s’avancent vers la colline. Les Lacédémoniens, déjà réduits au désespoir par leur triste position et par le nombre des morts, sans pouvoir rien pour leur défense, prennent la fuite quand ils voient encore arriver des hoplites. Les uns se jettent dans la mer, d’autres en petit nombre se sauvent au Léchéum avec les cavaliers. Dans tous ces combats et dans la déroute, ils perdent environ deux cent cinquante hommes. Voilà comment les choses se passèrent.

Aussitôt après, Agésilas part avec la more ainsi entamée, et en laisse une autre au Léchéum. Pendant le trajet jusqu’à Sparte, il entre le plus tard possible dans les villes et en part le plus tôt qu’il peut. Bien que parti d’Orchomène au point du jour, il n’entre que de nuit à Mantinée, tant il craint de voir les soldats exaspérés du plaisir que les Mantinéens prennent à