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contre eux une expédition, Agésilas en tête. Celui-ci, après avoir ravagé tout le pays, franchit à l’improviste la frontière à Ténia, et se dirige vers Corinthe, où il détruit les murs rebâtis par les Athéniens. Son frère, Téleutias, le suivait par mer avec une douzaine de trirèmes ; de sorte que leur mère pouvait se vanter que le même jour l’un de ses fils s’était emparé, sur terre, des murs des ennemis, et l’autre, sur mer, de leurs vaisseaux et de leurs chantiers. Cela fait, Agésilas licencie l’armée des alliés, et ramène chez lui les troupes nationales.


CHAPITRE V.


Nouvelle expédition d’Agésilas contre Corinthe[1]. — Prise du Piréum. — Iphicrate détruit une more lacédémonienne.


(Avant J. C. 392.)


Alors les Lacédémoniens, informés par les exilés que les gens de la ville possèdent tout le bétail et l’ont mis en sûreté dans le Piréum, où un grand nombre d’entre eux se sont retirés, font une nouvelle expédition contre Corinthe. Agésilas, qui la commandait encore, se rend d’abord à l’isthme. On était, en effet, au mois dans lequel ont lieu les jeux isthmiques, et c’étaient les Argiens qui se trouvaient alors accomplir le sacrifice à Neptune, Argos se confondant avec Corinthe. Mais, quand ils apprennent l’arrivée d’Agésilas, ils laissent sacrifices et festins, et se retirent en grand effroi dans la ville par le chemin de Cenchrées. Tout en voyant cette retraite, Agésilas ne les poursuit cependant pas ; il s’établit dans le temple, sacrifie lui-même au dieu, et reste jusqu’à ce que les exilés corinthiens aient célébré en l’honneur de Neptune le sacrifice et les jeux. Dès qu’il est parti, les Argiens, à leur tour, recommencent leurs jeux isthmiques : aussi vit-on cette année les mêmes hommes vaincus deux fois dans les jeux, et d’autres proclamés deux fois vainqueurs.

Le quatrième jour, Agésilas conduit son armée contre le Piréum ; mais le voyant gardé par des forces nombreuses, il se retire, après le repas du matin, du côté de la ville, comme si on

  1. Cf. Agésilas, II.