départ, sont seuls, abandonnés à eux-mêmes ; mais, à mesure qu’ils avancent et qu’ils prennent les villes, ils deviennent plus nombreux et plus difficiles à combattre. Je vois aussi, ajouta-t-il, que, lorsque ceux qui veulent détruire les guêpes leur donnent la chasse pendant qu’elles volent en liberté, ils s’attirent beaucoup de blessures, mais que, lorsqu’ils les attaquent avec le feu dans l’intérieur de leur retraite, ils s’emparent des guêpes sans avoir rien à souffrir. Ces réflexions me font penser que le mieux est de livrer le combat, si ce n’est dans la Laconie même, du moins le plus près possible de ce pays. »
L’orateur ayant paru bien dire, on vote sa proposition. Mais pendant qu’on discute sur le commandement, et que l’on convient du nombre de rangs sur lesquels on doit ranger toute l’armée, de peur que les divers États ne donnent à leurs phalanges trop de profondeur et ne permettent ainsi à l’ennemi de les envelopper, les Lacédémoniens, réunis déjà aux Tégéates et aux Mantinéens, s’avancent vers l’isthme. Par cette marche rapide, les Lacédémoniens et leurs alliés se trouvent à Sicyone presque au moment où les Corinthiens sont à Némée. Ils envahissent par l’Épiécie[1], mais les gymnètes des ennemis[2], leur lançant des traits et des flèches du haut des collines, leur font beaucoup de mal ; ils redescendent alors vers la mer, et s’avancent à travers la plaine, brûlant et saccageant le pays. Les autres cependant arrivent sur ces entrefaites, et placent leur camp derrière un torrent[3]. Quand les Lacédémoniens ne sont plus qu’à dix stades de leurs adversaires, ils asseyent aussi leur camp et demeurent en repos.
Je vais rapporter la force des deux armées. Du côté des Lacédémoniens étaient réunis près de six mille hoplites, trois mille Étéens, Triphyliens, Acroriens et Lasioniens, mille cinq cents Sicyoniens, et au moins trois mille Épidauriens, Trézéniens, Hermioniens et Haliens. Joignons-y près de six cents cavaliers lacédémoniens, trois cents archers crétois, et quatre cents frondeurs marganéens, létrins et amphidoles. Les Phliasiens n’avaient point suivi les autres peuples ; ils prétextaient une suspension d’armes. Telles étaient les forces des Lacédémoniens. Celles des ennemis se composaient de six mille ho-