Par Jupiter, dit Otys, elle est belle. — Eh bien, moi, dit Agésilas, puisque tu es devenu notre ami, je te conseillerais de prendre sa fille pour femme, puisqu’elle est très-belle. Qu’y a-t-il de mieux pour un mari ? Son père est de haute naissance, il est assez puissant pour avoir pu se venger des injustices de Pharnabaze, en l’exilant, comme tu vois, de toute cette contrée. Sache donc bien que, comme il a pu se venger de cet ennemi, il pourra aussi faire du bien à un ami. Pense que par ce mariage tu ne deviendras pas seulement le parent de Spithridate, mais aussi le mien et celui de tous les Lacédémoniens, et, puisque nous commandons à la Grèce, celui de la Grèce entière. Si tu suis mon conseil, qui jamais aura fait un plus splendide mariage ? Quelle fiancée a jamais eu un cortége de cavaliers, de peltastes et d’hoplites, pareil à celui qui accompagnera ta femme jusqu’à ta demeure ? » Otys alors lui demanda : « Ce que tu me dis là, Agésilas, a-t-il aussi l’approbation de Spithridate ? — Au nom des dieux, dit Agésilas, il ne m’a pas chargé de t’en parler ; mais moi, quoique fort content quand je me venge d’un ennemi, j’éprouve un plaisir plus vif encore quand je trouve à faire un peu de bien à un ami. — Pourquoi donc, dit Otys, ne t’informes-tu pas si cela lui agrée également ? » Aussitôt Agésilas : « Allez, dit-il, Hérippidas, et vous autres, et amenez-le à vouloir ce que nous voulons, » Ils se lèvent et vont l’instruire de la chose. Comme ils demeuraient longtemps : « Veux-tu, Otys, dit Agésilas, que nous le fassions venir ici lui-même ? Il sera, je crois, plus tôt persuadé que par tous les autres ensemble. » Alors Agésilas fait appeler Spithridate et tous les autres. Ils arrivent aussitôt et Hérippidas s’écrie : « À quoi bon, Agésilas, te rapporter en détail tout ce qui a été dit ? Spithridate a fini par dire qu’il fera volontiers tout ce qui te semblera convenable. — Je crois donc convenable, dit Agésilas, qu’à la garde des dieux tu donnes ta fille à Otys, et que toi, Otys, tu la prennes pour femme. — Cependant nous ne pourrions pas avant le printemps amener la jeune fille par terre. — Mais, par Jupiter, dit Otys, on pourrait l’amener tout de suite par mer, si tu voulais. » Là-dessus on se tend la main de part et d’autre, et l’on reconduit Otys.
Aussitôt Agésilas, voyant l’impatience d’Otys, fait équiper une trirème et ordonne au lacédémonien Callias d’aller chercher la jeune fille. Lui-même s’avance contre Daskylium, où se trouvaient les palais de Pharnabaze, entourés de plusieurs grands villages abondamment pourvus, avec des chasses dans