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Lysandre auprès des Phocéens et lui ordonnent de se rendre à Haliarte[1] avec une armée composée des Phocéens eux-mêmes, d’OEtéens, d’Héracléotes, de Méliens et d’Énianes. Là devait se rendre à jour fixe Pausanias, chargé du commandement, et suivi des Lacédémoniens ainsi que des alliés du Péloponèse. Lysandre exécute ponctuellement les ordres qu’il a reçus, et de plus, il détache Orchomène du parti des Thébains. Pausanias, de son côté, après avoir accompli les sacrifices du départ, s’établit à Tégée, d’où il envoie les chefs des mercenaires enrôler des soldats, et où il obtient des troupes des villes circonvoisines. Aussitôt que les Thébains ont la certitude que les Lacédémoniens vont envahir leur pays, ils envoient à Athènes des députés qui parlent comme il suit :

« Athéniens, les reproches que vous nous faites d’avoir, lors de la fin de la guerre, prononcé contre vous un décret terrible, ne sont nullement fondés. Ce n’est point notre ville qui l’a proposé, mais un seul homme[2], qui se trouvait siéger alors dans le conseil des alliés. Mais quand les Lacédémoniens nous engagèrent à marcher contre le Pirée, la ville entière vota de ne point s’unir à eux pour cette expédition. Ainsi, comme c’est vous qui êtes une des principales causes de la colère des Lacédémoniens contre nous, nous croyons juste que vous veniez au secours de notre ville ; mais nous comptons bien plus encore, vous tous qui étiez alors dans la ville, sur votre empressement à marcher contre les Lacédémoniens. Ce sont eux, en effet, qui, après vous avoir imposé une oligarchie odieuse au peuple, sont arrivés ensuite avec une puissante armée, et, tout en se disant vos alliés, vous ont livrés au pouvoir de la multitude, si bien qu’il n’a pas dépendu d’eux que vous ne fussiez perdus. Mais ce peuple vous a sauvés.

« Certes nous savons tous, Athéniens, que vous voulez reconquérir la puissance que vous aviez jadis. Mais quel meilleur moyen pour y parvenir, que de secourir vous-mêmes ceux qui sont victimes des injustices de Sparte ? Que le nombre de ceux auxquels ils commandent ne vous effraye point. N’en soyez, au contraire, que plus audacieux, convaincus que c’est quand vous aviez le plus de sujets que vous aviez le plus d’ennemis. Tant que ceux-ci n’avaient personne pour protéger leur défection, ils dissimulaient leur haine pour vous ; mais, dès que

  1. Sur la rive méridionale du lac Copaïs.
  2. Il se nommait Érianthe. Voy. Plutarque, Lysandre, xv.